That awkward moment
By Le Jeune Loup vendredi, janvier 22, 2016 0 Cinéma Awkward, Effron, Jordan, moment, Teller 13
awkwardLoup
Je ne sais pas pourquoi je commence l’année avec une telle purge, il y a beaucoup de bons films au cinéma en ce moment, il y a aussi un tas de bons films en général, mais pour commencer 2016 je vais vous parler de That Awkward Moment. Déjà parce qu’il faut que ça sorte, mais aussi parce que je suis convaincu que regarder des productions aussi médiocres est un bon moyen d’apprécier ensuite ce qui se fait de mieux. C’est un peu comme manger un kebab le midi et aller dans un excellent resto pour diner. (Evitez tout de même les Kebabs en dépôt de bilan, parce que j’ai commencé l’année par Antigang avec Jean Reno, et à coté That awkward moment mérite un Oscar…
« Célibataires… ou presque » dans sa version française, est une comédie romantique, une « rom-com » dans la langue de Shakespeare, un genre très codé dont j’ai déjà parlé ici, mais attention j’espère que vous êtes bien assis c’est une « rom-com » pour mecs, un film de bonhomme avec des acteurs qui font rêver comme Michael B Jordan, a.k.a le héros du jouissif Creed; Miles Teller, a.k.a le batteur dans l’excellent Whiplash et Zac Effron, Aka… le mec à l’affiche de Dirty GrandPa…
Le casting, accompagné d’un profond désir de gavage visuel sont donc les seuls arguments qui peuvent vous inciter à regarder cette daube.
Résumé basique d’un film basique…
D’après le site Allociné : « Trois amis font le serment de rester célibataire. Mais l’un d’entre eux va tomber amoureux… ». Le rédacteur du synopsis lui-même semble découragé. Pour aller plus loin ; effectivement trois amis font le serment de rester célibataires après que l’un d’eux annonce aux autres que sa femme le trompe, sauf qu’à partir de ce moment les deux autres vont tomber amoureux, s’ensuit toute une série de péripéties palpitantes, savamment pompées sur chaque comédies romantiques que vous avez déjà vu, le tout agrémenté de quelques incohérences qui font sourire.
Et pourtant le casting était bon...
Et pourtant le casting était bon…
L’avis d’un Jeune Loup désabusé.
Vous sentez le niveau du film ? Vous commencez à prendre conscience de la souffrance que je me suis imposé pendant 1h30 ? Ce qui ne vas pas dans ce film c’est que ce n’est pas seulement un mauvais film, c’est un cliché, c’est l’argument ultime qui permet à des gens un brin aigri d’affirmer que l’on ne fait plus de films originaux et plus particulièrement que les « rom-coms » incarnent cette médiocrité tant elles se ressemblent. That awkward moment prend tout à ses prédécesseurs, mais le fait avec la délicatesse d’un pachyderme dans un magasin de porcelaine. Par exemple, faire une référence à Bridget Jones au début du film en le citant, passe encore, mais refaire ensuite la même scène basée sur un quiproquo entre « soirée habillée » et « soirée déguisée », ça me hérisse le poil.
Alors oui Star Wars à plutôt bien marché en adoptant cette technique, mais toutes les comédies romantiques n’appartiennent pas à la même franchise et au même univers, vous ne pouvez pas simplement recopier des scènes entières de films qui ont marché il y a 15 ans (Bon sang, le coup de vieux) et espérer vous en tirer !
Un autre moment assez comique, ou du moins qui aurait pu être comique s’ils avaient été jusqu’au bout des choses, c’est lorsque le personnage de Zac Effron réalise qu’il aime la fille avec laquelle il s’est comporté comme la dernière des ordures durant tout le film, et ses potes lui disent qu’il doit aller faire sa déclaration, « Comme dans les films, genre un truc énorme ! ». Il y a également tout un petit sketch sur ce thème plus tôt dans le film. Je comprend la satire, c’est une bonne idée de se moquer de cet aspect ridicule des comédies romantiques finissant toujours par LE grand discours, (qui met en général votre serviteur assez mal à l’aise) mais si quelques minutes plus tard vous faites exactement ce genre de discours devant une foule de gens, quel était l’intérêt ? Pourquoi critiquer précisément ce que vous allez faire ?
Si il y en a parmi vous qui pensent au second degré ; déjà, merci de me lire vous êtes des gens biens ; mais le second degré ne consiste pas a faire un dessin moche, dire qu’il est moche, et s’attendre à ce que tout le monde le trouve réussi, c’est toujours un dessin moche, au même titre que ces fins seront toujours des fins NAZES. (Merci Karim.
Au delà du manque d’originalité évident qui suffit déjà à le classer dans la catégorie des mauvais films, That awkward moment peut se targuer d’être également incohérent. Vous ne pouvez pas nous vendre d’un coté trois amis d’enfances, éternels adolescents qui passent leur vie à picoler et jouer à Halo, et de l’autre nous montrer trois mannequins aux coupes de cheveux impeccables, dont les fringues et les appartements sont bien trop propres et bien trop chers pour des jeunes dessinateurs. Ces personnages n’existent pas, ils n’existeront jamais, on le sait tous, et s’il n’y a pas le moindre sens du réel dans une comédie romantique c’est raté d’avance, le spectateur ne peut pas développer d’affection, ou s’identifier à ces protototypes. Ce qui me rappelle beaucoup le film LOL, qui n’était pas un mauvais film en soi parce qu’il racontait autre chose qu’une histoire d’amour mais qui avait ce même problème de cohérence, quel lycéen de seconde pouvait s’identifier a ces prototype d’une jeunesse riche, belle et talentueuse ? Je n’arrive pas a croire que les personnages de That awkward moment peuvent exister, je vois trois acteurs qui ont voulu jouer des mec normaux sans avoir la moindre idée de ce à quoi ressemble la vie des mecs normaux de 28 ans. Pour être crédible, ils auraient du incarner trois potes acteurs dans l’industrie Hollywoodienne confrontés à des problèmes de relations et d’engagement. Un peu comme dans Entourage, qui n’est pas film parfait mais qui essaye au moins quelque chose de différent en proposant une critique de l’industrie assez drôle.
Des mecs normaux...
Des mecs normaux…
Un autre détail qui a particulièrement diverti votre serviteur, ce sont les placements de produits. Alors je n’ai pas de problème avec le concept en général, il faut bien vivre et financer les films, d’autant que certains placements de produits peuvent devenir iconiques au point de constituer l’ADN d’un film, James Bond en tête de liste.
That awkward moment réussi l’exploit de rater ses placements de produits, notamment ceux autour de la marque de Whiskey Bullet Rye, une bouteille qui apparaît bien quatre fois dans le film, (donc visiblement une démarche commerciale) et les personnages ont le génie d’appeler ça du Scotch à chaque fois. Un peu comme si une marque de bain de bouche payait pour apparaître dans le film et que les personnages utilisaient la bouteille pour arroser les plantes… La marque d’un professionnalisme singulier.
Je me rends compte que j’écris beaucoup de mots pour un film de Zac Effron, qui est d’ailleurs capable de bien jouer tant qu’il s’en tient à la pure comédie. C’est un film profondément mauvais que je vous déconseille à moins que vous n’ayez à choisir entre lui et Antigang. Un film que j’ai vu en grande partie parce que je souhaitais découvrir la filmographie de Michael. B Jordan que j’ai trouvé excellent dans Creed. (Visez un peu ce professionnalisme) Finalement après une heure et demi de désespoir, That awkward moment m’a fait réaliser qu’un film peut être une réussite en reprenant les éléments d’anciens long-métrages, par exemple je ne crie pas au scandale lorsque qu’il y a une scène d’entraînement montée sur une musique dynamique dans un film de boxe, à compter du moment ou le film apporte quelque chose d’autre sur la table, qu’il y a un équilibre savant entre innovation et référence. That awkward Moment loupe complètement cet équilibre, se contente de ressortir les même gags, les même ressorts scénaristiques que 80% des comédies romantiques. Ce qui explique assez tristement pourquoi le genre est en train de se consumer.