2015 voit sortir ce Enfant 44, adaptation du roman homonyme de Tom Rob Smith, sorti en 2008. Un certain Daniel Espinosa, connu sans être vraiment reconnu pour son travail, s'est vu confier la réalisation de ce film qui regroupe, à son avantage, un casting fort intéressant. Tom Hardy, Noomi Rapace, Gary Oldman, Vincent Cassel et d'autres encore, il n'y a aucun doute quant au fait que la distribution est un indéniable atout pour attirer un public varié, même si, étonnamment, le film n'a fait que très peu de bruit à sa sortie d'il y a quelques jours.
Enfant 44 déroule sa trame au cours des années 50, en URSS, à travers l'enquête menée par un agent de la police secrète du futur KGB et de sa femme, respectivement incarnés par Tom Hardy et Noomi Rapace, sur de mystérieux meurtres d'enfants au cours d'une période définie. Un thriller qui profite donc, de par son contexte, d'une reconstitution d'époque travaillée, dans l'ensemble largement réussie. En effet, l'aspect visuel, dans sa généralité, séduit le spectateur et Espinosa ne manque pas d'inciter ce dernier à s'immerger dans le contexte grâce à une première partie essentiellement consacrée aux horreurs qu'imposent le régime et à toute la psychose qui en résulte.
Avec Enfant 44, Espinosa s'exerce non seulement au film historique mais il a l'audace de constituer une intrigue de manière astucieuse. Sans être l'auteur du livre comme du scénario, il parvient à étendre la trame, certes assez simpliste, sans réelle nouveauté dans son genre, sur une longueur plutôt conséquente. Comme énoncé précédemment, la première partie est un réel atout et permet au spectateur de se morfondre dans ce contexte déprimant pour ensuite dérouler son enquête des plus intéressantes, quoique déjà vue dans son ensemble. Le résultat étant que l'ennui n'a pas le temps de faire sa place grâce à une structure narrative menée avec habileté.
Même si le tout s'avère tout de même conventionnel, le film est porté de manière exemplaire par des acteurs dans l'ensemble inspirés. Tom Hardy, en tête, trouve un rôle qu'il s'approprie avec ingéniosité. D'abord entravé par le système, il libère progressivement une rage et une impulsivité réjouissantes, à l'image de la trame générale du film. Noomi Rapace, en blonde, libère une prestation toute en finesse et campe un personnage d'abord très difficile à cerner. Malheureusement, le film perd peu à peu de sa finesse psychologique au profit de l'enquête, ce qui a tendance à laisser progressivement les acteurs en stand by. Deux intrigues se chevauchant s'avère être une astucieuse idée, laissant malheureusement quelques trous scénaristiques, convenablement dissimulés par la mise en scène et la force que libère l'enquête.
Enfant 44 est finalement une intéressante immersion dans un contexte très peu exploité au cinéma au cours de ces dernières années. Un thriller sur fond historique, certes traité de façon ordinaire, mais habilement mené dans son ensemble et servi par des prestations plus que convenables. Sans être un renouveau de genre, Enfant 44 est un film propre et une belle expérience de cinéma, ressortant les codes typiques du thriller classique et qui parvient à maintenir en haleine tout spectateur un minimum concerné.