Si le monde de l'enfance est celui de l'innocence, il est aussi soumis à son lot de turpitudes ou de blessures physiques et/ou morales. Second film de Nathalie Saint-Pierre, Catimini nous plonge dans cet univers parfois impitoyable où les silences et la rébellion ne sont que le fruit d'un passé chargé. Et pour nouer une discrète empathie envers ses 4 personnages, chacun à un âge bien étudié, Saint-Pierre impose une cadence impassible, rigoureusement paisible. L'histoire ou plutôt les histoires gagnent dès lors en authenticité. Et avec ses quatre portraits de filles, de 6 à 18 ans, comme autant d'instantanés des pans d'une vie, la réalisatrice ne se limite pas à une évocation insipide. Catimini, c'est du cinéma d'auteur loin d'être clinquant mais définitivement distingué.
La petite Cathy arrive dans sa nouvelle famille d'accueil. Enfant renfermée, un peu sauvageonne, elle va partager sa chambre avec 3 autres jeunes filles, dont Keyla. Cette dernière est renvoyée dans un foyer où elle fait la connaissance de Mégane. Elle, c'est la rebelle et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Enfin, il y a Manu, jeune femme, qui gagne enfin son indépendance...
Catimini rappelle avec une froideur troublante que les foyers et autres familles d'accueil, ne sont pas toujours synonymes d'enrichissement personnel. Si la démonstration de Nathalie Saint-Pierre n'est pas parfaite (finalement, la perversité humaine est une donnée connue, de même que personne n'est à l'abri du malheur), son long-métrage, qui représente plus qu'il n'accuse, consent à 'révéler' une réalité taboue. Techniquement le film est réussi, le montage est souvent excellent. 3,5/5