Le thème du film est assez sombre. Il est question de désespoir, le désespoir d'un père devant le comportement auto-destructeur de son fils, devenu accro aux drogues dures (méthamphétamine, héroïne, médicaments, etc..).
Le réalisateur Felix van Groeningen a déjà à son palmarès plusieurs très bon films dramatiques
* La Merditude des choses (2009) où il était question d'alcoolisme.
* Alabama Monroe (2012) une histoire d'amour puis un deuil, vraiment émouvant.
* Belgica (2016) dans le monde de la nuit, avec ses tentations en tout genre.
Pour ce film, on reste dans le registre du drame, de l'émotion bouleversante. Mais Felix est sorti de sa zone de confort. Il a traversé l'Atlantique, et s'est dôté de belles têtes d'affiche pour ses premiers rôles.
*** attention la suite contient des **spoilers** ***
Steve Carell interprête le père. Il est loin des rôles comiques qui l'ont fait connaitre, mais joue très bien un père empathique, tendre, qui alterne entre désespoir et rage de ne pas pouvoir changer son fils. C'est lui le personnage principal du film, et son fils incarné par Timothée Chalamet apparait comme une énigme, un être qui est pris dans une spirale hors de tout contrôle.
Remontent à la surface les souvenirs de l'enfance de son fils, des séquences de nostalgie qui permettent au spectateur de mieux comprendre la construction psychologique de son fils. Des parents séparés, un père placé sur un piedestal, travaillant pour Rolling Stones Magazine, initiant son fils à Nirvana (Est-ce sérieux de faire écouter Territorial Pissings à son fils de 7 ans ?) ou à de la littérature alternative (Attention aux auteurs torturés). Egalement un échange dans lequel le père admet avec un sourire en coin avoir testé certaines drogues dans son enfance, ce que son fils prend non seulement pour un feu vert, mais la drogue devient une terre d'aventure dans laquelle il a l'opportunité de transcender, de dépasser son père, si parfait.
Contrairement aux films de référence sur la consommation d'héroine comme "Requiem for a Dream", "Trainspotting" ou "Basketball Diaries", le film n'est pas centré sur le consommateur. Notre jeune junkie s'exprime peu, sauf lorsqu'il prend la parole durant une cure de désintoxication, et qu'il décrit un grand trou noir à l'intérieur de lui, un grand vide qu'il essaye vainement de combler en prenant toutes les substances à sa portée.
La famille, elle ne sait pas comment réagir face à la lutte contre l'addiction de leur fils. Dans un premier temps, ils l'aident moralement et financièrement, mais au fil du temps, le fils s'éloigne et ils ont de moins en moins d'espoir de sauver leur fils, et réalisent qu'il s'agit de faire le deuil de l'enfant qu'ils ont connu.
Face aux problème de la consomation de drogue dure, ce film a un impact, car il sensibilise le public.
Il n'attenue en rien le pouvoir attractif de la drogue pour les adolescents qui découvrent leur corps, leurs sensations, leurs émotions, mais il est important de communiquer autour les risques de tomber dans une spirale addictive, et des souffrances que ça entraine.
Bravo Felix pour ce film émouvant et réaliste.
critique publiée sur https://critique-ouverte.blogspot.com