Pourquoi autant de sévérité envers ce film,
Il faut pourtant reconnaitre la grande qualité de ce film belge, d’une grande sensibilité. Affirmer de manière présomptueuse qu’il n’y a pas de mise en scène dans ce film, c’est ne rien comprendre au cinéma, la mise en scène a lieu justement dans ces flash-back, le choix de ces différentes séquences et leur montage, comment elles s’incrustent dans la trame du film . Autant d’éléments psychologiques, mais qui restent des non-dits, pour nous faire comprendre, plutôt ressentir et encore cela se passe inconsciemment , pourquoi ce basculement chez ce jeune homme dans la drogue, C’est un film tellement riche sur un plan psychanalytique où le réalisateur nous ne propose que des éléments de compréhension que le spectateur ne peut que ressentir, par ce choix d’image, de séquences, lorsque son père l’amène par exemple à l’aéroport rejoindre sa mère à la suite du divorce, nous ressentons tous cette déchirure, ce manque à jamais incomblable, cette incomplétude qui va s’enraciner chez ce petit garçon que seule la drogue (la mère nourricière) pourra occulter et encore comme chacun sait illusoirement. Mais comme chez tous les toxicomanes, le recours à la drogue ne peut être que la seule issue sans fin, une sorte de mise en abîme mais sans fond (si ce n’est la mort accidentelle par overdose. La drogue coûte que coûte, l’héroïne nous faisant revenir à ce sentiment océanique (comme le décrit Freud), à cet état psychologique fœtal qui seul semble soulager de ce qui excède cet adolescent et qu’il ne comprend pas. Car tel est bien l’idée de ce film, pourquoi ce basculement ,cette addiction chez ce touchant jeune homme, bien incapable lui-même de se comprendre, mais toujours éprouvant ce vide, cette carence, cette béance finalement depuis le divorce (de ses parents et cela malgré l’équilibre qui lui est donné dans par sa famille recomposée, la déchirure a eu lieu et à jamais) que rien ne pourra plus jamais suppléer, si ce n’est ce recours illusoire et sans finalité à la drogue, la drogue que l’on s’injecte tel le lait du sein maternel . C’est un film sur l’inconscient, sur les affects inconscients qui se nouent et se trament en nous. Il en est de même sur le désarroi des parents, leur impuissance, magnifiquement joués et filmés, avec une telle simplicité et tonalité et avec un tel réalisme, ne préjugeant de rien, ne portant jamais d’accusation sur un plan moral. La puissance de ce film résidant bien dans ce qu’il ne dit pas, dans ce que nous comprenons inconsciemment paradoxalement mais tout en restant toujours dans le registre de l’émotion, de l’affect ( il n’y a rien de théorique , de conceptuel ou de démonstratif dans ce film), il y a ces images, ces flash- back, mais quel art de la mise en scène, où nous voyons ces personnages déambuler, ces personnages heureux et malheureux, luttant , se faisant et se défaisant, mais toujours pris par quelque chose qui les dépasse, les déterminismes psychologiques inconscients toujours plus forts et pesants comme une fatalité . Un film magnifique et bouleversant de bout en bout et nous avions déjà ce type de construction dans le film Alabama Monroe