Bon La Faute est un petit film d’1 heure 10, et pourtant il est vraiment très long et très pesant à digérer.
Au niveau du casting je n’ai pas de reproches particuliers à faire. Les actrices (il n’y a que trois personnages principaux, tous féminins dans le film), ne se débrouillent pas mal et se sentent concernées. Nieve de Medina notamment s’en sort très bien, mais Montse Mostaza, et Alejandra Lorenzo, cette-dernière étant pourtant jeune, ne sont pas en reste, investissant leurs personnages respectifs avec un certain talent, et surtout une conviction qui relève un peu, de temps à autre l’attention.
Scénaristiquement par contre c’est une catastrophe. Le film est court, et pourtant il parait s’étendre sur des heures et des heures. Il appartient facilement à mon top 20 si ce n’est mon top 10 des films les plus mous que j’ai pu voir. Il ne se passe rien pendant 70 minutes, le métrage enchainant les dialogues, dont certains sont franchement insipides, les vieux stratagèmes éculés du cinéma d’horreur (des bruits quoi !), et puis c’est tout ! Il n’y a aucune enjeu, la chute est mal amenée, le film n’offre aucun rebondissement ou alors ils sont tellement mal exploités qu’ils passent sans retenir l’attention le moins du monde. C’est d’autant plus regrettable que l’intrigue semblait prometteuse, avec des histoires glauques d’avortements clandestins et un relationnel particulier entre les personnages, mais au bout du compte, rien. Ce n’est que du vent.
Heureusement visuellement on retrouve certains atouts du cinéma de genre espagnol, à commencer par une mise en scène précise et lisible. Le réalisateur ne se permet aucune réelle audace, livrant un produit basique de ce point de vue, mais techniquement le boulot est fait. La photographie n’est pas en reste, avec une belle ambiance retranscrite dans une habile gestion des couleurs chaudes et froides. Les décors, sans être exceptionnels, tiennent la route pour offrir une atmosphère assez spéciale, triste et mélancolique. La musique, simple mais efficace est assez plaisante. Il ne faut en revanche surtout pas attendre de ce film la moindre dimension horrifique. Il n’y a rien, il faut le dire de ce point de vue, tout étant suggérer dans le meilleur des cas.
Non, en fait le gros problème de La Faute c’est qu’il est juste très superficiel. Il n’a finalement pas grand-chose à dire et cache cela sous un verbiage assez pénible. Il aurait pu aborder davantage sa dimension sociale et psychologique, faisant à la limite un film sur l’avortement clandestin et ses conséquences s’il ne souhaitait pas s’engager franchement dans l’horreur. Mais finalement il ne choisit ni l’un ni l’autre des chemins, et ne contentera ni l’un ni l’autre de ses publics. Malgré un aspect technique correct et des actrices solides, je ne mettrai que 2, et il a vraiment de la chance d’avoir ces atouts là à coté de son scénario impotent.