Une carrière de cinéaste est lancée, celle de Peter Landesman. Son premier film, Parkland, n’est certainement une bombe cinématographique telle que pouvait l’être Precious, de Lee Daniels, Hunger de Steve McQueen, mais fait figure de fresque historique soignée, développant une ellipse autour de l’assassinat du président américain le plus aimé d’entre tous, JFK. Des tragiques évènements de 1963, Peter Landesman en dresse un sorte de synthèse, développant l’impact de l’assassinat sur des individus ayant joué un rôle de mémoire. Abraham Zapruder, le cinéaste amateur qui livra aux autorités son film, la plus explicite et sans doute la seule vidéo de la tragédie, voie sa vie brisée, choqué qu’il de la barbarie du meurtre. Viennent ensuite les médecins, internes et infirmières de Parkland Hôpital, Dallas, ceux qui réceptionnèrent le président à l’article de la mort et qui tentèrent de lui sauver la vie, ou encore le ressentiment d’échec dans les rangs des services secrets ou encore la tragédie vécue dans la famille de l’assassin présumé, les Oswald.
Sans doute trop léger face à l’ampleur de l’évènement, sans doute trop lisse, Parkland soulève tout de même quelques lièvres, attise la curiosité et faute de renvoyer au souvenir d’une journée triste de l’an 1963, je n’étais pas né, nous renvoie au bon souvenir de la découverte du formidable JFK, signé Oliver Stone. Pour tout dire, Parkland peut s’imposer comme étant une parfaite prolongation de l’œuvre fleuve de Stone, film qui disséquait, entre fiction et réalité, l’assassinat de Kennedy. Ici, Landesman préfère orienter son récit à multiples tiroirs, vers l’américain lambda, le citoyen touché de près par cette tragédie, dans le cadre de ses fonctions ou du fait de son statut de témoin. Tout le monde connaît l’histoire de cette bretelle autoroutière de Dallas, mais peu auront pu s’interroger sur les intervenants, sur les réactions moyennes face au drame. Parkland en offre la possibilité.
L’heure est grave pour les Etats-Unis, état d’esprit que Parkland s’efforce de faire ressentir, sans doute un peu dans l’excès. Se voulant comme un film pragmatique, l’effort se noie parfois sous les sentiments, dans le larmoyant, même si intrinsèquement, l’on ne peut rien reprocher au réalisateur et ses acteurs. Si quelques séquences sont futiles, d’autres sont nettement plus imposantes, voire marquantes, comme lorsque les hommes des services secrets chargent la dépouille à bord d’Air Force One, en démontant le mobilier, dans le chaos le plus total. L’on notera aussi que la maigre partie du film qui disserte sur l’avenir, le ressenti de la famille Oswald aurait mérité d’être développé. Il s’agit sans doute là du plus tragique révélateur des évènements, l’héritage d’un fils, d’un frère sur une famille maintenant aux abois, passant de citoyens à parias.
Parkland ne manque donc pas d’intérêt, du moins pour ceux qui s’y intéresse. Le film s’inscrit comme un témoin de l’histoire américaine qui de fait, en grande partie grâce au cinéma, intéresse l’Europe et le monde entier dans une demi-mesure. Ce genre d’ouvrage documentaire, usant de la fiction pour l’expansion des sentiments est bel et bien indispensable à la mémoire collective, mais est-ce là l’atout premier du cinéma historique? Peu importe, les acteurs, dont bon nombre n’en sont pas à leurs premières apparitions, sont excellents, à l’exception peut-être d’un Zac Effron dont on peine à comprendre la présence. Paul Giamatti, notamment, rappelle à tout le monde qu’il n’est pas qu’une tronche mais qu’il est aussi capable de finesse, son jeu étant sans doute le plus abouti de la distribution. Hautement intéressant pour celui qui veut en savoir plus mais malheureusement trop lisse, trop timide pour s’inscrire dans les annales du cinéma. A qui veut bien y prêter attention. 12/20