Sorti plus que confidentiellement en 2013, "Parkland" m’avait toujours intrigué. Il faut dire qu’un film évoquant l’assassinat du Président Kennedy à Dallas présente forcément un intérêt lorsqu’on a, pour film préféré, "JFK"… Et puis, la bande-annonce promettait une approche différente de l’évènement qui bouleversa l’Amérique des années 60. En cela, le film tient ses promesses puisqu’il ne s’intéresse qu’assez peu à l’aspect politique ou complotiste au profit d’une approche plus humaine. Le scénario est, ainsi, est constitué d’une multitude de sous-intrigues censés montrer des différentes facettes du drame, tel qu’il a été vécu par différents témoins directs, de l’équipe médical qui a tenté de sauver le Président après son admission au Parkland Mémorial Hospital à Zapruder, l’homme qui a filmé l’assassinat en passant les agents du Secret Service ou le frère de Lee Harvey Oswald. Ainsi, "Parkland" est avant tout, un film sur le choc ressenti par la mort de JFK, ce qui aurait pu être intéressant… mais qui s’avère, au final, assez peu convaincant. La faute en incombe à plusieurs facteurs aisément identifiables. Tout d’abord, la mise en scène de Peter Landesman (journaliste reconnu mais réalisateur encore discutable) est d’une froideur clinique assez laide d’un point de vue visuel et, accessoirement, dénuée de toute virtuosité (rythme inexistant, BO bas de gamme, aucune prise de risque visuelle…). On se croirait dans un documentaire privé de voix off explicative… L’idée aurait pu se défendre et être considérée comme un parti-pris payant si le réalisateur ne multipliait pas les séquences de pleurs et de désarroi (compréhensibles mais omniprésentes) ainsi que les odes aux qualités extraordinaires de l’illustre défunt (trop manichéen de nos jours). Là encore, si on peut comprendre que Kennedy soit idéalisé par les témoins du drame, il manque incontestablement un contre-point pour venir rétablir un certain équilibre qui, à une époque où on connait certains travers de JFK, semble indispensable pour éviter au film d’être considéré comme primitif dans son approche. C’est tout le problème de "Parkland" qui, par son choix de ne s’intéresser qu’aux personnes touchées par le drame, s’interdit tout débat plus large… et perd, dès lors, beaucoup d’intérêt. Car, si on ne parle ni des retombés politiques, ni de la thèse du complot, ni de la personnalité du Président, il n’y a plus grand-chose à se mettre sous ma dent. Parkland est, donc, une succession de petites saynètes qui avancent sans véritable fil conducteur (si ce n’est la mort du Président, donc) et sans la patte d’un vrai réalisateur. C’est fort dommage puisque le film fourmille de détails vraiment intéressants pour les passionnés d’histoire. La guéguerre entre le Secret Service et la police locale pour le rapatriement, du corps présidentiel, la dépression de Zapruder ou encore les conséquences de l’implication d’Oswald sur sa famille sont autant de points qui méritaient d’être racontés… mais mieux ! L’étonnant casting réuni pour l’occasion permet de venir un peu rattraper l’échec artistique du film, avec Billy Bob Thornton en chef du Secret Service, Zac Efron en jeune docteur, Paul Giamatti en Zapruder dépressif, Tom Welling en agent affecté et, surtout, James Badge Dale en frère de l’homme le plus détesté d’Amérique et une Jacki Weaver assez ahurissante dans le rôle de sa mère complétement déconnectée. Certaines scènes parviennent, par ailleurs, à apporter un petit supplément d’âme au film,
comme la confrontation entre un Oswald, invraisemblablement détaché, et son frère incrédule ou encore le parallèle entre l’enterrement national du Président et celui, de pestiféré, de son tueur
. C’est malheureusement trop peu et "Parkland" laisse la désagréable sensation d’un film qui ne raconte pas grand-chose et qui, en plus, le raconte mal.