Quand on veut voir un film bourrin, le genre de divertissement détente qui pétarade dans tous les sens possibles et imaginables, le cinéma américain semble tout indiquer. Schwarzy en eut fait son faire de lance, au tour de Ryan Reynolds qui, après Deadpool et le mauvais RIPD, nous propose ici une comédie fort sympathique aux saveurs de bourrinage intensif et de morts à tout va.
Comique à plus d'un titre, le film de Patrick Hughes (déjà réalisateur du décevant [Red Hill][1] et du passable [Expendables III][2]) réussit le point essentiel de la comédie d'action : son rythme, pleinement soigné, nous tient en haleine tout du long, et sans que ce soit du grand cinéma, assène une grande efficacité à l'oeuvre.
Les scènes d'action s'en trouvent particulièrement soignées et agréables à l'oeil : c'est esthétique et suffisamment esthétisé pour que certains plans, ou certains moments, nous restent en tête. On se croirait presque revenu au temps de l'âge d'or du cinéma d'action des années 80, à voir tellement de bonnes scènes de fusillades qu'on ne saurait plus les compter. Hitman & Bodyguard s'inscrit dans cet héritage, que ce soit dans sa manière d'être exécuté que dans la qualité globale de sa mise en oeuvre.
Hughes part ici dans une toute autre direction en misant tout son humour sur quelques vannes bien placées, sur le jeu de ses acteurs complètement décalé (alimenté par une certaine alchimie comique et d'action), en plus d'une gestion du rythme calquée, sans trop de plagiat, seulement une inspiration évidente, sur le génie de montage du cinéma comique de genre : Edgar Wright, qui prouve une fois de plus que ses techniques imaginatives ont fait école.
Inspiration évidente lors d'une unique séquence, donc, qui montre les bonnes influences de son metteur en scène efficace qui manque, cependant, d'une réelle personnalité visuelle. Il y a ce timbre d'image grisâtre que l'on trouve dans tous les films d'action post-Dark Knight, qui par défaut de ne posséder de réelle imagination en colorimétrie, se contentent de toujours remettre les mêmes couleurs pour les mêmes films, aux mêmes moments.
C'est cette banalité dans l'imagerie qui empêche le film d'être meilleur que ce qu'il est réellement, malgré tous ses efforts pour paraître plus qu'une simple comédie d'action. On notera l'excellent jeu d'acteur d'un Ryan Reynolds au top de sa forme, comique et charismatique, parfait tempérament d'un Samuel Jackson qui a de la bouteille, vieux mais pas obsolète. Les deux s'opposent au sein d'un scénario un poil prévisible (qui l'enferme toujours dans cette banalité décevante), soutenu solidement par une très bonne bande-son, surprenante et plutôt marquante.
On notera la présence de Gary Oldman, qui interprète de nouveau le méchant salopard qu'on aime tant voir chez lui; sa prestation, stéréotypée au possible, n'est pas sans rappeler la sanguinarité d'un Staline poussée à son paroxysme, les nuances en moins, le manichéisme profond en plus. C'est l'odieux personnage cruel du film, le grand méchant des actioners d'avant qu'il fallait tuer, mais surtout faire souffrir comme aucun autre homme n'avait souffert avant lui. La justice par la vengeance, ma gueule.
Si tu aimes les films d'action bourrins saupoudrés d'un poil d'humour bien dosé, Hitman & Bodyguard devrait te satisfaire. Ce n'est pas un grand film, il ne marquera pas votre âme de cinéphile par l'originalité de sa mise en scène ou le renouveau de son écriture, mais s’imprégnera surement dans votre esprit comme un divertissement honorable, détente et honnête. On y passe un excellent moment. N'est-ce pas la seule chose que l'on pouvait en attendre, en même temps?