Deux héros très différents pour en faire une comédie, c’est une formule qui marche depuis Laurel et Hardy, La Chèvre, L’Arme Fatale... Il suffit que le duo soit excellent. Mais le réalisme politique du genre Milošević aggravé président de la Biélorussie (joué par Gary Oldman) ne convient pas à la comédie. Il faut donc faire un effort dès le démarrage du film pour oublier. Mais on réussit à oublier. En revanche, il faut faire trop d’efforts pour oublier que tout est invraisemblable. C’est plus que dans un mauvais James Bond des années 80. Sans parler de l’intrusion de musique d’accompagnement, pop ou hard rock, vraiment cousue de fil blanc. Où est le problème ? Sûrement pas les acteurs de toute façon. Samuel Jackson est juste dans ce qu’il fait. Côté physique, c’est Rambo. Côté cœur, c’est lui qui avant de témoigner au tribunal contre le méchant, comme il s’y est engagé, va acheter des tulipes à sa copine, une harpie, pour qu’elle les voie de sa fenêtre de prison. Enfin, c’est lui qui dit à un moment : "qui est le plus maléfique ? celui qui tue le méchant ou celui qui le protège ?". On est évidemment d’accord avec lui (c’est pourtant le Hitman, le tueur à gages). Il parlait au Bodyguard, Ryan Reynolds, acculé à défendre des gens pas nets mais qui payent bien, et acculé aussi à ruminer contre sa copine. Ryan Reynolds est juste également dans son rôle, looser du début à la fin, avec ses éternels états d’âme, avec son air fatigué, voire enrhumé, tant et si bien qu’on se demande comment il peut réussir toutes les bonnes choses qu’il produit, ou aide à se produire –au milieu, il est vrai, d’une quantité inutilement élevée d’explosions, de matériel explosé, et de morts.