Bigfoot n’est pas un mauvais film de série B, dans le sens où il joue clairement la carte du divertissement second degré. Au final il est dans la catégorie des Arachnoquake et autre Almighty Thor, c'est-à-dire des films pas très bons, mais qui en ont conscience.
Cela se voit d’abord du coté des acteurs. On ne peut pas dire que ce soit transcendant, mais chacun fait de son mieux, et surtout, livre une prestation sympathique en s’investissant vraiment. Le duo Bonaduce-Williams fonctionne très bien, et me rappelle furieusement le duo Gibson-Tiffany de Méga-Python vs Gatoroid. Leur antagonisme vire parfois au cartoon (la scène dans le bar est hallucinante) et on sent le plaisir qu’on eu les interprètes. C’est fun. Autour d’eux gravite un acteur réalisateur, Bruce Davison, dont on sent que c’est un projet dans lequel il s’est investit en toute décontraction, ainsi qu’une Sherilyn Fenn, qui s’en tire bien. Il y a par ailleurs des seconds rôles plutôt amusants, et pour certains haut en couleurs, ce qui là encore, m’a rappelé Mega Python vs Gatoroid. Je pense en particulier à cette étudiante « intello » qui offre surement l’une des scènes les plus mémorables du métrage !
Le scénario ne se prend pas le chou : il va à l’essentiel. Personnages gratinés, rythme entrainant, histoire passe-partout mais amusante et qui se permet quand même quelques pointes d’originalité, l’ensemble reste un divertissement très honorable, malgré ses nombreuses incohérences, et ses poncifs en veut tu en voilà. Si certaines productions bis du genre sont assez agaçantes, car radine et molasse, Bigfoot est plutôt dans la bonne moyenne qualitative.
Techniquement, Bruce Davison n’est pas un génie certes, mais il se fait plaisir. Il nous montre souvent son Bigfoot, de manière très maladroite, et le seul fait de bien montrer cette créature sous toutes les coutures et indéniablement maladroit, compte tenu de son allure ! Pour autant il s’en tire bien dans la mesure où il essaye justement de conserver un esprit légèrement cartoonesque à son film. La fameuse séquence de l’étudiante tient, dans son humour, justement beaucoup à l’effet de mise en scène. En clair pour voir que Davison n’est pas un vieux routard, il s’en sort honorablement. Pour le reste, la photographie n’est pas des plus enthousiasmantes, mais ca c’est relativement commun dans ces productions, tandis que les décors sont corrects. Il ne faut pas s’attendre à des miracles, mais globalement Bigfoot a assez bonne allure. Les effets spéciaux en revanche ont plutôt sale mine ! Le Bigfoot en question n’est ainsi pas des plus réussis. A la fois en terme d’incrustation numérique, de mouvements (ce qui est le cas de tout les effets spéciaux du film), mais en plus il a un design discutable. Il ressemble vaguement à un gorille ébouriffé et un peu plus élancé. Ce n’est pas infâme, mais il aurait pu être un brin plus travaillé quand même, car là il fait plutôt rire lors de sa première apparition. Enfin la bande son est passable, sans plus.
En conclusion Bigfoot est, dans son registre, nettement mieux que Yéti (déjà critiqué par mes soins). Je dirai même que c’est l’antithèse de ce-dernier. Des acteurs qui n’en n’ont rien à battre dans Yéti, alors que les acteurs s’investissent vraiment dans Bigfoot. De l’humour et une générosité sincère dans Bigfoot, un sérieux plombant et un manque de bonne humeur glacial dans Yéti. En clair, voilà un film de monstre tout à fait regardable, bien que d’un niveau forcément assez bas techniquement.