Un docu-fiction qui malgré son titre n'a rien de neutre dans son point de vue. Le départ est poussif, la réalisation paresseuse et le jeu limité des acteurs tend plus vers le documentaire Arté qu'une oeuvre de cinéma. Dans la première heure la richesse des dialogues et des situation permet d'aborder un nombre assez incroyables de thèmes qui mériteraient un film à part entière à eux seuls. Si ceux-ci sont sensés être représentatifs de bien plus que la situation de cette PME on oscille ici sans cesse entre la caricature et des éclairages très justes sur l'entreprise. Elle est ici bien plus qu'un outil de travail lieu de luttes de pouvoirs et témoin de la violence des confrontations entre les acteurs en place (syndicats, ouvriers, management). On aborde aussi le décalage générationnelle dans le rapport au travail, l'effet de Noria, la satisfaction du père qui savoure en silence et par procuration la revanche sociale qu'incarne son fils, l'importance du respect de la hiérarchie, l'éternel dilemme du progrès technique, la relation père-fils, patron-salarié, le paternalisme dans l'entreprise, le fossé entre deux mondes qui se cotoie sans se comprendre et sans avoir beaucoup en commun (culture, valeur, normes). Je me suis beaucoup identifié à la difficulté de Jalil Lespert pour interagir avec ses anciens amis, voir sa famille lorsqu'il aborde son travail. Mais le meilleur cotoit le moins bon et le réalisateur adoubé par des critiques n'ayant pas dû beaucoup travailler dans l'industrie assène des clichés assez effrayants : les cadres sont sinistres et stupides, les syndicats butés et bornés, les ouvriers stupides et suiveurs. Surtout ce qui m'a le plus gêné dans Ressources Humaines c'est la sensation d'etouffement, la condescendance et le sordide avec laquel Cantet dépeint une famille moyenne française. Si la dernière partie pert en justesse et crédibilité, elle gagne paradoxalement en talent cinématographique et émotion sans toutefois donner une réponse satisfaisante à l'intrigue. S'il manque un peu de cinéma à cette chronique, elle est à visionner et critiquer dans tous les cours de Théorie des organisations. Une scène : les ouvriers rampant à travers la vitre brisé de leur usine. Mais aussi : 23:40, 26:50, 35:25, 36:25, 54:35, 58:50