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weihnachtsmann
1 141 abonnés
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3,5
Publiée le 18 mai 2020
La confrontation est franchement passionnante. Ce bras de fer entre les deux catégories de l’entreprise. C’est davantage documentaire que fiction. C’est parfois mal joué et limite récité mais le sujet est grave et on est captivé. Je trouve également le problème des amis qui ne supportent pas la position haute dans la direction du jeune stagiaire intéressant bien que juste évoqué On pouvait ainsi le comparer avec « les rêves de jeunesse » d’Ozu qui posent cette situation comme un vrai problème aussi. La fin est dure et forte: le père qui va supporter toute la diatribe et la rancoeur de son fils.
Sujet intéressant mais avec assez peu d'intérêt d'un point de vue cinématographique. La réalisation est peu imaginative, les acteurs manquent de naturel et le scénario, tout comme le propos, n'échappent pas à de nombreux clichés. Pour autant, l'histoire se suit bien et sans déplaisir. Faut aimer ce genre de long métrage au caractère à la fois naturaliste et social dans la lignée des Frères Dardenne. De quoi faire vibrer le syndicaliste en chacun de nous.
Laurent Cantet avait réalisé ce grand film au tout début des années 2000. Un film qui marie sensibilité du documentaire avec le pouvoir narratif du cinéma. L'œuvre est en effet détaillé ,precise et fait le portrait psychologique d'un monde ouvrier abîmé par la mondialisation. Le film s'intéresse aussi beaucoup au rapport de classe, y compris à l'intérieur d'une famille, avec cette magnifique relation entre un père et un fils aux sensibilités opposés. Le film est très émouvant, sait filmer les visages et remue durablement en filmant à hauteur d'homme, des gens en proies aux dérivés d'un monde capitaliste devenu fou.
Un film très intéressant avec des personnages plus vrais que nature (à noter, l'incroyable performance de l'actrice jouant la responsable syndicale mais tous les acteurs sont formidables). Le scénariste doit connaître le monde de l'entreprise car ça sent le vécu (spécialement le rendu des relations cadres - ouvriers, les faux-espoirs donnés au stagiaire et sa mise à l'écart des réunions stratégiques et enfin le discours plein d'hypocrisie du patron dans les négociations sur les 35 heures). Un film qui vaut vraiment la peine d'être vu (pas forcément au cinéma cependant) vite (pendant que les négociations sur les 35 heures sont encore porteuses d'espoir) pour mieux comprendre certains aspects de la vie en entreprise et les relations direction / employés. Ce qui est bien dans ce film c'est la variété des niveaux de lecture du film : ainsi, outre les thèmes énoncés plus haut, on peut aussi voir les relations difficiles père / fils et les oppositions parisiens / provinciaux.
Sûrement le film le plus réaliste sur le monde du travail que j'ai pu voir. J'ai vécu comme beaucoup des conflits au sein de mon entreprise et j'ai eu la sensation en voyant ce film de revivre certaines situations, je n'ai pu m'empêcher de comparer certains personnages et leur discours avec ceux que j'ai connu. Le discours de la Direction, des Syndicats, l'attitude des ouvriers( ceux qui suivent le mouvement, les autres qui n'osent pas ou ne veulent pas) tout y est et tout sonne incroyablement vrai. L'environnement et l'ambiance accentuent également cette impression de réalisme. Scénario, mise en scène et interprétation très juste font de ce film un chef d'oeuvre dans le genre. A voir absolument!
Difficile de faire un film plus social et d'être un réalisateur aussi engagé que Cantet. Il fait des films traitant de sujets à caractère social mais les fait aussi de cette manière. Cinéaste d'investigation, il prend très au sérieux la création du scénario avec la participation de gens extérieurs au cinéma, dans la conception et dans la réalisation de l'œuvre. Un peu comme le cinéma néoréaliste italien, Cantet base son cinéma sur la limite brumeuse entre le cinéma réaliste et le documentaire, entre le vrai et le fictif, entre l'acteur pro et l'Homme de tous les jours. Ici, se mélange professionnels et amateurs ex-membres de la vie active ayant les compétences professionnelles pour interpréter les rôles. Le film nous lance dans les méandres d'une entreprise type dans une banlieue ouvrière, on y découvre avec un réalisme confondant l'aliénation des employés par le travail à la chaine (merci Marx), un sentiment d'infériorité et de honte ressenti par les classes inférieures et la manipulation cynique de certains patrons. Le profond malaise encré entre la classe patronale et la classe ouvrière se manifeste à de nombreuses reprises à l'intérieur de l'entreprise (consultation=examen) mais aussi parmi les relations du personnage de Jalil et ses anciens amis (ouvriers). Ce microcosme est judicieusement révélateur de la société dans son ensemble, Cantet ne parle pas de cette entreprise, mais de l'Entreprise et de la détérioration du monde du travail.Le personnage est d'ailleurs judicieusement choisi, enfant d'ouvrier mais futur patron on le voit osciller entre ces deux "camps", coincé entre la honte illégitime de ses racines et l'amère facilité de s'en sortir (dilemme intelligemment rendu physique par le style vestimentaire de Jalil). Toute l'histoire du personnage de Jalil sera comme un prélude à sa tirade finale d'une puissance émotionnelle exceptionnelle et remarquablement bien interprétée. Toute la tension du film explose lors de cette mémorable confrontation unilatéral.
Un docu-fiction qui malgré son titre n'a rien de neutre dans son point de vue. Le départ est poussif, la réalisation paresseuse et le jeu limité des acteurs tend plus vers le documentaire Arté qu'une oeuvre de cinéma. Dans la première heure la richesse des dialogues et des situation permet d'aborder un nombre assez incroyables de thèmes qui mériteraient un film à part entière à eux seuls. Si ceux-ci sont sensés être représentatifs de bien plus que la situation de cette PME on oscille ici sans cesse entre la caricature et des éclairages très justes sur l'entreprise. Elle est ici bien plus qu'un outil de travail lieu de luttes de pouvoirs et témoin de la violence des confrontations entre les acteurs en place (syndicats, ouvriers, management). On aborde aussi le décalage générationnelle dans le rapport au travail, l'effet de Noria, la satisfaction du père qui savoure en silence et par procuration la revanche sociale qu'incarne son fils, l'importance du respect de la hiérarchie, l'éternel dilemme du progrès technique, la relation père-fils, patron-salarié, le paternalisme dans l'entreprise, le fossé entre deux mondes qui se cotoie sans se comprendre et sans avoir beaucoup en commun (culture, valeur, normes). Je me suis beaucoup identifié à la difficulté de Jalil Lespert pour interagir avec ses anciens amis, voir sa famille lorsqu'il aborde son travail. Mais le meilleur cotoit le moins bon et le réalisateur adoubé par des critiques n'ayant pas dû beaucoup travailler dans l'industrie assène des clichés assez effrayants : les cadres sont sinistres et stupides, les syndicats butés et bornés, les ouvriers stupides et suiveurs. Surtout ce qui m'a le plus gêné dans Ressources Humaines c'est la sensation d'etouffement, la condescendance et le sordide avec laquel Cantet dépeint une famille moyenne française. Si la dernière partie pert en justesse et crédibilité, elle gagne paradoxalement en talent cinématographique et émotion sans toutefois donner une réponse satisfaisante à l'intrigue. S'il manque un peu de cinéma à cette chronique, elle est à visionner et critiquer dans tous les cours de Théorie des organisations. Une scène : les ouvriers rampant à travers la vitre brisé de leur usine. Mais aussi : 23:40, 26:50, 35:25, 36:25, 54:35, 58:50
Selon moi, Laurent Cantet s'affirme avec ce Ressources humaines comme le Ken Loach français. Film social absolument génial d'émotion et de maîtrise, ce film a révélé également un acteur qui n'a pas eu encore la notoriété qu'il mérite : Jalil Lespert formidable de sincérité et très subtil dans sa façon de transmettre une émotion. J'ai vraiment adoré ce film qui met en lumière les dérives aujourd'hui reconnues du monde de l'entreprise, plus particulièrement des effets de la mondialisation. Mais qui ne se contente pas de stigmatiser seulement les patrons mais aussi les ouvriers qui se complaisent dans leur rôle d'opprimés. Je recommande à quiconque ce film!
Premier pavé de Laurent Cantet dans la marre du cinéma. Mais n'est pas Ken Loach qui veut. Des acteurs, même amateurs, ça se dirige un minimum. L'histoire se tient, mais on ne croit pas une seule seconde ce qui se joue, dommage.
Peut-on échapper à son milieu d'origine sans le trahir ? Défendre sincèrement des ouvriers quand on se destine à être cadre ? Ces dilemmes, 'Ressources humaines' les aborde par le prisme de l'histoire de Franck, fils d'ouvrier et futur diplômé d'une grande école de commerce, et centre moral ambigu du film - tantôt victime, tantôt bourreau (faussement ?) ingénu, tantôt adjuvant à la loyauté fragile. Filmé de façon âpre, sans effets, dans un style presque documentaire et avec d'extraordinaires comédiens non-professionnels, il semble épuiser toutes les nuances permises par son sujet, et aboutit à une conclusion bouleversante.
La démarche est absolument remarquable, et l'ensemble interprété avec une grande justesse, certes. Mais le récit pêche quelque peu, à cause d'un rythme inadéquat ou de quelques grosses ficelles qui auraient pu être évitées. L'ensemble reste particulièrement intéressant.
Pour son deuxième long-métrage, Laurent Cantet, à qui tiennent à cœur les thèmes sociaux, décide de promener sa caméra dans une usine au moment du passage aux 35 heures. Le style quasi documentaire de "Ressources humaines" exacerbe son réalisme, tout comme le sujet abordé. Alors oui le scénario et son personnage central sont un peu naïfs et clichés, oui le film n'est pas exempt de platitudes et de scènes qui auraient pu être raccourcies, il n'empêche que l'histoire est censée porter un jeune homme qui découvre la vraie réalité de l'entreprise, et de la manière la plus brutale qui soit puisqu'il a choisi par idéalisme de travailler dans les ressources humaines. La fin est un peu brouillonne et c'est dommage, mais sinon on assiste à un film peut-être pas remarquable mais non dénué d'intérêt, contrairement à ce que certains ont pu dire. A voir.
Frank (Jalil Lespert), jeune cadre bientôt diplomé, entame un stage dans l'usine où son père est ouvrier. Il est vite confronté aux relations usuelles dans l'entreprise, aux antagonismes de classes et, au moment où l'on s'apprête, dans l'usine, à négocier les fameuses 35 heures, à la défiance entre le patron et le personnel. Interprété par des acteurs amateurs dont on imagine que beaucoup jouent leur propre rôle, le film a souvent l'accent et les vertus du documentaire. Grâce à cette authenticité et à ses intentions didactiques, Laurent Cantet donne de l'entreprise, et du travail en usine plus précisément, un reflet dont l'intérêt dépasse le simple cadre de la fiction. On relève certes quelques maladresses, sous la forme de lacunes dans l'interprétation ou de dialogues un peu trop vulgarisateurs, mais pour qui méconnait l'univers du travail à la chaine, des cadences et des rapports sociaux conflictuels, le film est une éloquente introduction au monde ouvrier. L'image du patron bonhomme - mais pas tant que ça - et de la cégétiste intransigeante participent d'une oeuvre qui exprime finalement l'éternelle, la constante frontière entre le dirigeant et le subalterne, entre le capitaliste et le smicard, une frontière que l'encore tendre Frank situe fort mal, précisément mal à son aise dans chacun des deux camps. Cette présente expérience lui apprend que la notion de classes existe encore.