Coscénariste (avec Noah Baumbach) et actrice principale, Greta Gerwig porte le film sur ses épaules avec une belle énergie. Elle compose une grande ado, rigolote, maladroite, un peu agaçante parfois, toujours attachante. Une « apprentie de la vie » qui court, tombe, se relève, s’égare, repart… Dans un pur style indépendant US, en noir et blanc, la caméra de Baumbach épouse le rythme un peu fou-fou du personnage et sa vie « bordélique », avec un souffle naturel qui balaie les clichés et refuse tout appesantissement, tout pathos. Le réalisateur capte un flux de vie et c’est en cela que son film est plaisant, enthousiasmant. Il capte aussi l’air du temps et quelque chose de générationnel à travers ce portrait d’une jeune femme qui peine à passer à l’âge adulte, qui semble privilégier l’amitié à l’amour, et qui galère au quotidien, financièrement et professionnellement, en cultivant un sentiment de décalage social.
Pour cette jolie chronique douce-amère, le réalisateur est allé puiser quelques références dans la Nouvelle Vague : évocation de Jean-Pierre Léaud, clins d’œil à Truffaut (Les 400 coups…), emprunt de musiques à Georges Delerue, etc. Côté dialogues, on oscille entre une verve aux accents alleniens (par le débit, le côté analytique et maladroit, l’humour décalé) et une sensibilité « girly ». Sans être absolument mémorable, le résultat sonne juste et distille un charme certain.