Le genre de la comédie horrifique est l'un des plus périlleux qui soit, et les réussites s'y comptent sur les doigts d'une seule main : quand on pense que les Frères Coen lui doivent leur pire échec ("Ladykillers"), on imagine bien que la semi-débutante Marjane Satrapi se jetait droit dans un piège en acceptant de filmer ce projet (déjà) maudit à Hollywood. Et de fait, si elle s'en sort relativement avec les honneurs sur le pur point de vue technique - entre la création d'un climat pop très réussi pour la partie 'Monde de Oui-Oui" de l'imagination de notre psychopathe, et une paire de scènes-choc plutôt bien amenées dans la première partie du film -, le résultat final est profondément décevant, et ne nous réconciliera donc pas avec ce fameux "genre"... Il y a UNE bonne idée dans le script original, c'est celle de faire de "The Voices" un "film-cerveau", le spectateur partageant la folie du héros, et n'entrevoyant qu'à de brefs instants une réalité beaucoup moins jolie du monde dans lequel il vit : encore eut-il fallu que ce basculement ouvre un véritable gouffre existentiel, comme chez Cronenberg (référence évidente sur le sujet). Seulement voilà, ni Ryan Reynolds, acteur fort compétent mais visiblement sans sur-moi, ni Satrapi ne savent que faire quand le film en arrive ainsi au bord du gouffre, ce qui nous vaut une seconde partie convenue, ennuyeuse, à la limite du consternant. Quant à la (fausse) bonne idée de animaux qui parlent, elle nous vaut deux ou trois sourires (la bêtise du chien, l'accent écossais du chat), mais se révèle très vite banale, voire embarrassante (sans même parler de la laideur des effets spéciaux...). Rien à faire,"The Voices" est un film médiocre, qui confirme la lente descente aux enfers d'une Marjane Satrapi à qui on ne saurait trop conseiller de revenir à la BD, une forme d'art dans laquelle elle excelle vraiment.