Marjane Satrapi (« Persépolis », « Poulet aux prunes ») signe ici dans son dernier film, une réalisation à l’opposé du cinéma auquel elle nous avait habitué. Récompensé par le prix du jury et celui du public lors du festival du film fantastique de Gérardmer, « The voices » vogue en permanence entre tragi-comédie et thriller. Petite présentation de ce film particulièrement insolite.
Tantôt drôle, tantôt cynique, ce long métrage fait la part belle à quelques scènes trash, à la limite du supportable. Le scénario offre par moment une ambiance malsaine, preuve que la mise en scène est réussie mais est-ce ce que l’on était venu chercher ? Pas sûr. Autant le dire tout de suite, « The voices » n’est pas un film familial et il s’adresse à un public averti. Le casting de qualité et l’affiche décalée peuvent laisser penser le contraire… attention, âmes sensibles s’abstenir !
Côté interprétation, il faut reconnaître que Marjane Satrapi a su s’entourer d’un casting adroit : le film est porté par Ryan Reynolds (vu récemment à l’affiche de « Captives »). Alors qu’il n’est pas évident de jouer un personnage emprunt à la schizophrénie Reynolds y parvient sans faire preuve d’un surjeu pathétique. Autour de lui, un casting féminin de charme tout aussi performant. Pour preuve, la présence de Gemma Arterton («Gemma Bovary», «Byzantium»,«Tamara Drew»), sensuelle mais aussi manipulatrice à ses heures. A ses côtés, Anna Kendrick pour qui 2014 a été riche en tournages car on la retrouve prochainement à l’affiche de nombreux films tels que «Into the woods», «Happy Christmas», «Cake». On retrouvera aussi, en vrac, un casting secondaire dans lequel Jackie Weaver, Ella Smith, Valerie Koch ou encore Stanley Townsend tiennent chacun un rôle déterminant dans la destinée du personnage principal.
Ce qui est particulièrement troublant dans ce long métrage, c’est que le spectateur vit à la fois dans la vie idyllique et édulcorée du héros (lorsqu’il ne prend pas son traitement) et se retrouve ensuite confronté à une vision réaliste des choses, mettant en exergue la décadence dans laquelle évolue Jerry. Lorsqu’il est en crise, ce dernier communique avec son chien et son chat, qui incarne tous les deux la raison et le mal tels un ange et un démon. Bonne idée que celle-ci de mettre en scène les émotions et les pensées du héros lors de ses troubles psychotiques via ses animaux de compagnie. Cependant, il faut admettre que cela fait un peu trop « cliché » par moment et que l’on se lasse assez vite du procédé.
Vous l’aurez compris, « the voices » est un film interpellant, bien réalisé mais cependant un peu longuet et souvent malsain. Même si l’histoire est amenée subtilement, il faut reconnaître que Marjane Satrapi passe parfois à côté de son sujet. Dommage car le concept thriller - comédie et le sujet avaient tout pour plaire… Petit bonus de fin: les dernières minutes consacrées au générique, surprendra une dernière fois le spectateur et recolorera un peu l'univers noir dans lequel nous nous sommes plongés durant presque deux heures