Sumuru la cité sans hommes est déjà un film qui commence mal, vu que Sumuru n'est pas une cité mais une femme, et que la cité s'appelle Femina ! Enfin, passons. Voilà un métrage sorti la même année que Barberella, et on a exactement le même style visuel ! Des costumes ultra-kitsh et très cheap, des couleurs flashys en pagaille, des filles sexy qui se trimballent continuellement en maillots de bain ou en bas résille, même pour faire la guerre, des décors en carton qui font plein de bruits bizarres, c'est du Franco pur jus et du cheap des années 60 en barre. Malheureusement, pas pour le meilleur ! Visuellement très fade, la seule bonne idée c'est d'avoir utilisé les bâtiments très betonnés du Brésil d'alors (Brasilia?) comme cadre sf, mais tout le reste est à l'avenant. Figuration minimale, intérieurs en carton, costumes de fête foraine, réalisation pleine d'effets de style poussifs (les zoom continuels sur les yeux de Franco!), bruitages insupportables et musique dissonnante, Sumuru devient vite difficilement regardable et audible. Certes, il y a un côté nanar fauché sympathique, mais il faut être honnête, le film a tellement pas les moyens de ses ambitions qu'à un moment faut juste revoir ses ambitions !
Le scénario part d'une bonne idée, avec ce monde où des femmes vivent dans une cité séparée, mais en vrai, c'est totalement inexploité. Cette cité c'est plus une bande de gangsters féminins qui va s'opposer à une bande de gangsters masculins, et au milieu, un couple de héros va tenter de s'en tirer. S'il y a un peu d'action, Franco nous fait du Franco, avec des tas de scènes annexes qui s'étalent en longueur (le carnaval, les tortures sans envergure...), des dialogues longuets et pompeux pour rien du tout, et malgré ses 90 mn Sumuru semble durer le triple. Clairement, la cité des femmes n'est là que pour surfer sur la vague femdom, amazone, qui régnait dans le milieu du cinéma d'exploitation, ça permet de placer des filles sexy dominantes, de les faire zigouiller aussi, mais c'est tout. Dommage.
Côté casting on a quelques noms un peu connus, surtout du côté féminin avec Shirley Eaton et surtout Maria Rohm. Sincèrement, le casting est le meilleur point du film. Les interprètes croient en leurs personnages, jouent avec sérieux non sans apporter un peu de distance par rapport à la nanardise de l'ensemble, ce qui permet aussi de ne pas trop rester dans le premier degré (en particulier chez Richard Wyler et George Sanders). Ils parviennent plus d'une fois à relever l'intérêt d'un passage nul.
Sumuru, la cité sans homme est un Franco mineur (pléonasme!), qui peinera à justifier le visionnage. Très pauvre formellement, peu intéressant côté intrigue, ce n'est pas scandaleux, mais c'est juste très quelconque.1.5