Alain Resnais nous dresse une réflexion sur l'amour, le bonheur, l'enfermement et la liberté. Tout ça en trois tableaux historiques qui s'entrecroisent dans une sorte de chanson de geste. Le premier se situe au lendemain de l'effroyable massacre de 14/18, le deuxième dans les années 80, le troisième dans l'intemporel d'un conte médiéval.
Le premier, où un richissime idéaliste prétend faire le bonheur de ses amis ( et le sien ) en leur donnant une totale renaissance, baignant dans des couleurs dorées, se soldera par un échec. D'ailleurs, en parlant d'échec, on pourrait dire que Ruggiero Raimondi aurait du se cantonner à rester dans l'art lyrique, domaine où il excelle.
Dans le deuxième volet, des enseignants, éducateurs, ou autres, sont conviés à un colloque destiné à améliorer l'éducation et l'apprentissage des enfants. Cette partie où l'amour se réduit à son côté purement sexuel, est un peu longue et trop bavarde. Mais Sabine Azéma est très touchante en ingénue romantique, luttant dans un environnement cynique. Et Pierre Arditi, jouant un bêta agaçant, se révèle bien plus lucide au fur et à mesure du récit.
La troisième histoire, la plus courte, plongée dans des décors d'Enki Bilal, aurait mérité un traitement plus développé.
Les décors, justement, donnent un réel intérêt à l'ensemble. Tour à tour oniriques, féériques, voire Daliens, ils aiguisent souvent notre regard. Le temple du bonheur est joliment baroque. Et que dire de la maquette que nous dévoile Sabine Azéma avec ses pièces interchangeables. On a envie de s'y jeter dessus pour y jouer des heures entières.
Enfin, les parties musicales et chantées sont parfois bancales, ou inutiles. Alain Resnais se rattrapera plus tard dans le genre avec le réjouissant " On Connait La Chanson ".
" La Vie Est Un ( bon ) Roman " pour les personnes qui auront choisi d'accepter cette œuvre philosophique très originale. Pour les autres, le bonheur se situe ailleurs.