A Day to Kill (ou "Mall") semblait s'annoncer comme un film d'action nerveux, avec une bande-son qui l'était tout autant, sans trop de réflexion, ou du moins, c'est ce que je pensais. Si c'est absolument ce que vous recherchez, ce n'est effectivement pas la peine, car cela vous amènera à penser que c'est un navet : Jugement bien dur, eu égard aux films que l'on voit quotidiennement dans nos cinémas, tandis qu'A Day to Kill est un direct-to-dvd. Une critique aussi sèche est probablement révélatrice des déceptions quant aux attentes de départ. Le film n'est pas plus mauvais que les autres, pré-cités, mais pour résumer, A Day to Kill est comparable à un film de Haneke sans le talent. Relativisons, car le talent de Michel Haneke est probablement inaccessible, mais ce que je veux dire par là, c'est que le film dresse un portrait peu banal, résolument sous acide, de toutes les classes de la population américaine, les faisant apparaître sous leur pire jour. C'est moins l'histoire d'un seul homme meurtrier, mais de plusieurs meurtriers, tous à leur manière. La narration, servie par Cameron Monaghan, nous plonge dans cet univers tortueux avec un certain talent, et le personnage de Jeff lui-même, est probablement le plus intéressant. Les références au livre Le Loup des Steppes sont une manière d'appuyer le fait que le film semble en être presque une allégorie : Jeff et le tueur partagent le point commun qui est d'être sur la corde raide, partagés entre le loup et l'homme. Encore une fois, il ne faut pas en attendre trop de A Day to Kill, qui, s'il fait preuve d'une bonne volonté certaine, manque de réussite dans l'aboutissement. Il faut faire un petit effort pour voir tout ce que le film veut offrir, toute la vision pessimiste qui ne plaira pas toujours, quand Haneke, pour revenir au parallèle, était direct, immédiatement choquant. La force et la faiblesse du film sont ses personnages : Alors que tout était parfait, qu'on nous avait brossé le portrait névrosé à outrance de chacun d'entre eux, le film ne va pas plus loin, et n'exploite pas ce qui l'aurait rendu encore plus noir, encore plus réussi. La relation entre Jeff et Mal, le tueur, aurait gagné à être exploité plus de trois minutes à l'écran, car le lien qui les unit crève l'écran. Au final, je n'aurais pas boudé le film s'il avait fait une demi-heure de plus, pour approfondir tout cela. Malheureusement, ce n'est vraisemblablement pas une superproduction, et on lui boude la sortie en cinéma, alors qu'il y a bien pire. Concernant les autres acteurs, ils font très bien leur travail, jouant tous tantôt les américains banals, tantôt les humains névrosés, gravitant autour des deux personnages centraux. La bande-son est efficace, c'est du Linkin Park, ce qui peut plaire ou pas, mais ça m'a plu ; c'était dans l'ambiance, sous acide, dans un délire fantasmagorique de lycanthropie désabusée. Ce qui est dommage, c'est qu'elle ne soit pas si présente que cela. Encore une fois, cela manque de concrétisation. Les quelques scènes d'action ne cassent pas des briques, mais ce n'est pas forcément le but de départ, de toute façon. La fin est aussi trop convenue, car c'est une happy-end qui ne devrait pas être, se concluant sur une note nietzschéenne certes agréable, mais loin de la noirceur du reste du film, et qui donc, déçoit un tantinet.
En conclusion, A Day to Kill n'est pas du tout un mauvais film (ce n'est pas ça, un mauvais film), c'est uniquement le premier long métrage de Joe Hahn et qui est incontestablement un jeune talent qui doit poursuivre ses efforts afin de fournir des films encore plus aboutis.