Voilà maintenant un fait avéré. Sylvester Stallone et Jason Statham, depuis les Expendables, sont de fidèles compagnons de route. De fait, quand le premier s’essaie à l’écriture et que sont script est approuvé et mis en scène, c’est le second qui endosse le rôle du héros ténébreux. Peu importe le réalisateur, ici un certain Gary Fleder, la machine ronronne comme un vieux V8 et la musique de fond est toujours la même. Vengeance, bastons et fusillades au menu, le tout accompagné de quelques mignardises relativement malvenues que composent les relations père-fille, les histoires de deuil bidons et les sensibleries inutiles. Homefront, dès lors, n’échappe pas au schéma standard des films d’action d’un autre temps, des films tant aimés il fût un temps mais qui aujourd’hui ne sont qu’un prétexte à la nostalgie qui fait un certain bien.
L’acteur et cascadeur britannique est fidèle à lui-même et rempli son contrat sans sourciller. Toujours charismatique et classieux dans sa gestuelle et son franc parler, Jason Statham, paradoxalement, démontre qu’il est une fois encore incapable de vraiment sortir de son carcan d’homme d’action ténébreux, presque toujours le même personnage. Au fond, ce qui fait un peu l’originalité de Homefront, c’est bien la présence de James Franco, acteur certes hétéroclite mais que l’on n’attendait pas pour autant dans ce genre de production. Ce n’est pas une erreur, non, ni un essai infructueux puisque l’acteur caméléon est plutôt convainquant en truand local et que ses simples regards servent l’intensité du film. Si la scène final n’offre pas à Franco la possibilité de se démarquer face au héros absolu, l’interprétation pépère du bonhomme est une incontestable plus-value au film de Gary Fleder. Quant au quelques autres seconds rôles connus, soulignons que Kate Bosworth est convaincante mais que ni Frank Grillo ni Winona Ryder ne font des merveilles.
Le cadre, quant à lui, est plutôt sympathique. En effet, les bayous crasseux de la Louisiane servent parfaitement le récit, haut lieu de l’Amérique profonde dans l’imaginaire collectif. Si la scène d’introduction à la Nouvelle-Orléans est complètement ratée, en grande partie du fait d’une certaine surenchère et du look de Statham, la suite du film, en pleine compagne, est agréable, visuellement parlant. Pour autant, les quelques scènes d’action, certes très bien réalisées, à l’exception de quelques CGI tous pourris, ne parviennent pas à maintenir suffisamment de rythme pour faire de Homefront un film d’action Beta inoubliable. Là ou le bas blesse ici c’est sans conteste dans la mièvrerie et la coté niais de la relation du héros, papa poule, avec sa fille. Une fillette qui plus est surdouée qui cogne du copain d’école et qui court plus vite en pleine broussaille qu’un assaillant de son père.
Bref, si l’on ne peut être déçu d’un tel film en raison de sa simplicité, ça ne vole tout de même pas très haut, il apparaît clairement qu’Homefront, sans toute cette guimauve familiale, avec d’avantage de dramaturgie, aurait été bien meilleur. Mais au final, le film souffre simplement d’un symptôme bien trop rependu et peut donc, en partie, être pardonné. En somme, voilà un plutôt bon divertissement du samedi soir, un film classique, jamais vraiment ennuyeux et qui ravira les fans du castagneur anglais. Le monsieur à fait bien pire depuis ses formidables apparitions sous la direction de Guy Ritchie. 09/20