Ne cherchez pas ici l’originalité. Il n’y en a pas beaucoup. Pour tout vous dire, St. Vincent est de ces films dont chacun d’entre nous en avons vus une bonne centaine. Pour autant, le film de Théodore Melfi, non distribué en salles françaises et destiné à la VOD, n’en demeure pas moins une belle réussite, dans son genre, notamment de par la présence admirable du vétéran trop rare qu’est Bill Murray. Film d’abord humoristique, St. Vincent déploie toute la panoplie des codes usuels du drame familial américain. N’innovant jamais réellement, le réalisateur parvient pourtant à donner du corps et de l’esprit à un film très bien échelonné, très bien interprété et finalement plus drôle que dramatique. C’est une comédie, indéniablement, que nous livre Théodore Melfi, s’appuyant sur de solides comédiens pour faire ressentir sentiments, joie ou malheur.
Un vieillard bougon, en mal de billets verts, faisant penser malgré tout au Walt Kowalski de Gran Torino, en moins dangereux et acide s’entend, accueille comme il se doit ses nouveaux voisins, une mère fraîchement célibataire et son fils écolier. Par un concours de circonstances tout-à-fait prévisible, le vieil homme devient le Baby-sitter du gamin. De là débouchera une relation en plusieurs temps, à la fois drôle, émouvante et très humaine. Bill Murray marque les esprits de par une composition très amusante, mais aussi très bouleversante. Seul, d’apparence débraillée, l’homme entretien pourtant de drôles de relation tout en remplissant son devoir moral. L’acteur démontre tout son talent pour faire vivre à lui-seul, ou presque, le film. L’ami Bill est par ailleurs secondé d’une Melissa McCarthy plutôt plaisante, elle n’en fait pas des caisses, ainsi que d’une Naomi Watts en mode dévergondée, plutôt sympathique loin de son étiquette de femme Alpha, notamment démontrée dans le récent film d’Anne Fontaine.
Casting impeccable, donc, pour un film qui ne l’est pas moins. En dépit des atouts dans la manche du réalisateur, celui-ci ne peut en revanche jamais surpasser le potentiel de son produit, formatage cinéma indépendant US avec ressorts comiques contemporains. Malgré l’excellente participation de toutes les personnes impliquées, l’ampleur de St. Vincent ne décolle jamais vraiment, cloisonnée qu’elle est dans un formatage classique. Même si Bill Murray y brille de mille feux, même si le gosse est touchant, même si les seconds rôles sont solide et en dépit d’une réalisation soignée, St. Vincent ne reste somme toute qu’un énième film familial à tendance comique. Je vous l’ai dit, chacun d’entre nous connaît ce type de produit depuis la nuit des temps.
Malgré tout, le présent long-métrage aurait amplement mérité sa place dans les salles obscures. Oui, à défaut d’originalité, de réel intérêt autre peut-être que pour les fans de Bill Murray, Le travail est très bien fait. Ceci n’étant le cas que dans une minorité des films similaires pourtant distribués, on se demande dès lors s’il s’agit encore de payer sa place en salle ou de sagement attendre la VOD. Bref, pas de débat futile puisqu’il est question d’un film et non d’un concept. Ayant apprécié ce petit moment de cinéma, je ne peux que le recommander à autrui. 14/20