Grand acteur américain comique populaire des années 80-90, Bill Murray, depuis plusieurs années déjà, a décidé de s’éloigner de l’industrie Hollywoodienne, fatigué par le système, pour se consacrer à des projets plus intimistes, moins ambitieux. Son nouveau film en est le parfait exemple.
"ST-Vincent", fait partie de ces films, simples et drôlement humaniste qui se terminent souvent dans une apothéose de guimauves et de bonnes leçons. Il ne dément pas à la règle, et constitue même une œuvre de choix dans ce tourbillon de bons sentiments. Le cinéma "indé-américain" nous avait habitués à bien mieux, s’éloignant des clichés narratifs de son homologue Hollywoodien. Mais "ST-Vincent", n’est pas un mauvais film pour autant, il est même sympathique et arrive à jongler de manière assez cohérente et efficace entre l’humour et la dramaturgie américaine quelques fois poussives. Bill Murray, principal atout comique, s’en donne à cœur joie pour nous confectionner un personnage de clown dépressif comme il sait si bien les jouer. Sa relation paternaliste avec le petit Oliver, référant au thème de la filiation assez récurrent au cours du film, est un atout fondateur. Bien que peu différent de ce qu’on a pu nous proposer antérieurement, cette inhérence entre les deux fonctionne assez bien et permet d’exploiter les différentes facettes de Vincent (Murray), personnage bien plus surprenant qu’on pourrait l’imaginer. La BO est aussi à souligner pour sa dimension à la fois euphorique et mélancolique, ne faisant plus qu’un avec la mégalomanie du personnage principal. Le film offre aussi, et, c’est assez rare pour le souligner, un rôle à totale ambivalence pour Naomi Watts, particulièrement endiablée dans son accoutrement de « dame de la nuit ». Les autres personnages, à part peut-être celui de la mère, ne sont que des faire-valoir, appliquant les bonnes vieilles recettes de la narration épurée. Les sous-intrigues sont d’ailleurs là pour le rappeler par leur aspect fade pour certaines et inintéressantes pour les autres. Bien heureusement, elles sont peu nombreuses et assez courtes, et excepté le final mélo mais tout de même beau, le film ne s’essouffle jamais et reste sincère dans son évolution copieuse mais digérable. "ST-Vincent" est un film à la fois tendre et drôle jouissant de la présence d’un Bill Murray savoureux. Un film sans grande prétention, pas toujours adroit, mais plaisant.