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Miltiade
37 abonnés
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1,5
Publiée le 25 mai 2013
La nouvelle réalisation de Paolo Sorrentino se moque puis s’émeut du vide existentiel des personnalités de la jet-set romaine – le spectateur, lui, se désole et s’irrite devant la longueur interminable de ce film au propos riquiqui.
Après avoir dépeint avec une certaine froideur l’élite politique italienne dans le majestueux Il Divo, Paolo Sorrentino redonne un rôle principal l’excellent Toni Servillo pour donner cette fois une image toute aussi effarante de l’élite culturelle. Ici, le réalisme est substitué par une mise en scène que l’on sent être très inspirée de l’univers fellinien pour nous dépeindre l’introspection d’un écrivain dépressif. Le regard porté à son quotidien de jet-setter mondain dans une Rome qui, au-delà de tout clivage social palpable, semble d’une beauté immortelle, est d’une froideur glaçante au point d’y voir une relecture moderne de La chute de l’empire romain. Sans conteste trop contemplative et mal rythmée pour rester captivante de bout en bout, la peinture ultra-référencée qui est faite là de cette Italie tiraillée entre nostalgie et superficialité est un beau spectacle émouvant accompagné d’une bande musicale exaltante.
La Grande Bellezza est une œuvre nostalgique du rayonnement passé de l’Italie. Paolo Sorrentino filme autant les visages de l’Italie d’aujourd’hui que les statuts qui sont les seuls vestiges du glorieux passé. Le long-métrage est alors une critique de la société italienne actuelle qui court vers la vacuité de la vie, vers son insignifiance et le néant de l’intellect. Paolo Sorrentino se fait alors le porte-parole à travers Jep (Toni Servillo, son alter-égo) de cette volonté d’endiguer cette descente dans l’enfer morale. Ainsi dans les fêtes romaines, les intellectuels sont mis au même niveau que les ex-stars de téléréalité à la dérive. On y croise également une jeunesse qui croit aveuglément et absurdement en elle pensant qu’elle peut rebondir dans tous les domaines. La copine utilisatrice de Romano est la représentante de cette jeunesse folle qui voit son échec dans le cinéma comme une manière d’écrire un livre « proustien » comme-ci tout était acquis et possible. Le talent n’est plus qu’un leurre. Sorrentino se penche également sur l’insipide scène artistique contemporaine qui prône le concept à outrance cherchant plus la provoque que le sens. L’art fonce dans le mur littéralement chez Sorrentino et est mis devant le mur par le personnage de Jep Gamberdella qui montre la vacuité de l’art qui se joue devant lui par une artiste pleurnicharde ne pouvant définir le mot « vibration » qui semble pourtant être au centre de son art. Le monde mondain dont Jep est censé être le Roi repose ainsi sur le paraître et donc sur l’argent qui peut le générer. Argent devient une fin en soit, un mode de vie et même un métier pour le personnage de Trumeau : « Tu fais quoi comme métier ? », « Moi, je suis riche ». Ainsi, la perte de cette dernière entraîne la perte du prestige et la fin d’une place dans la société comme le montre ses « Nobles à Louer » qui clôt la nostalgie d’un âge d’or avec la fin d’une « vraie » noblesse. Les dettes sont le fruit d’actions dérisoires comme des passages chez le coiffeur. Mais c’est également une critique morale que fait Paolo Sorrentino dans laquelle même l’Eglise prend part à la dépravation de la société à l’image de cette nonne qui paye 700 euros pour se mettre du botox ou encore du couple prêtre/sœur qui dîne au champagne cristal dans un Palace. Le Cardinal, sans doute le futur Pape, évite d’ailleurs des questions sur la foi en dérivant sur des interminables recettes de cuisine. Le seul vestige de la Foi catholique se trouve dans une Nonne, bientôt sanctifiée mais déjà momifiée, de 104 ans. Elle expliquera sans doute l’absence de pauvreté chez Sorrentino par cette magnifique phrase : « Je me suis mariée avec la Pauvreté, et la Pauvreté ne se raconte pas ». Elle est donc à l’image des monuments de Rome les ruines d’un passé prestigieux et moral qui se dissipe dans les fêtes outrancières de la jet-set intellectuelle. Si le film est rempli de fulgurances scénaristiques de Sorrentino - surtout lorsqu'il met ses personnages au pied du mur, face à leur contradiction -, La Grande Bellezza est le film de l'arroseur arrosé. Il est curieux de se rendre compte que le cinéaste italien fait une critique de son propre cinéma : outrancier, pompeux, complaisant. Il est regrettable de voir un cinéaste qui s’engage contre la vacuité de l’existence vendre si déplorablement son image à la marque Martini qui orne de manière outrancière les plans. De plus, Sorrentino n’utilise finalement qu’un mouvement de caméra avançant de biais (du haut céleste vers le bas des hommes) au ralenti pour donner au lieu une maestria qui agace. Il devient alors un cinéaste aux faux airs de salvateur narcissique derrière son personnage alter-égo. Une volonté presque biblique qui dérive sur une sorte de Noé présentant girafe et flamands. Paolo Sorrentino se perd d’ailleurs dans la contemplation de Rome. A la manière de Woody Allen dans To Rome with Love (2012), le cinéaste penche trop souvent vers le film-touristique se perdant dans les monuments, les présentant à la manière d’un office du tourisme. Il se perd dans la lassante beauté de Rome qui aurait, sans exagération aucune de la part du cinéaste, fait faire une crise cardiaque à un touriste japonais. Il répond également à ses propres fantasmes de cinéastes ne tentant même pas de les incorporer dans son récit comme la rencontre au détour d’une rue avec Fanny Ardant. La Grande Bellezza est sauvé par ses scènes où Sorrentino se rapproche des grands cinéastes italiens et réussi par le dialogue à montrer la vacuité de son sujet. Mais c’est dans l’enveloppe qu’il met autour de son propos qu’il se perd, s’affadie et devient le sujet même de sa critique. Paolo Sorrentino aurait pu réaliser une œuvre magistral, mais il se contentera à cause de son style pompeux d’une œuvre dans le souvenir de certaines sauvent un tout bien trop bancale.
Magnifique d'un point-de-vue esthétique, doté d'une histoire superbe, et bénéficiant d'une interprétation clairement à la hauteur, grâce à des acteurs admirables et emblématiques, "La Grande Bellezza" est un chef-d'oeuvre instantané. Rien n'est à jeter, tout est parfait du début à la fin. Le film interroge chacun sur de très nombreuses valeurs comme l'amour, la vie, le temps qui passe. Pas grand chose à dire de plus, il faut juste voir et savourer.
A part un esthétisme réussi et deux/trois scènes intéressantes, ce film est très pénible à suivre, c'est très ennuyeux, sans grand intérêt, on est spectateurs de personnages pour la plupart horripilants. J'ai eu beaucoup de mal à rester jusqu'à la fin.
La grande Bellezza est un film sublime mais déséquilibré. Le film est ambitieux, trop sans doute, virtuose, touche parfois à la grâce et à l’universalisme, mais manque de ressorts scénaristiques. Cette peinture de l’Italie tiraillée entre nostalgie et décadence, reste probablement trop contemplative et mal rythmée pour rester captivante de bout en bout. Malgré tout, La grande Belleza reste un superbe film dépressif sur la putréfaction et la décadence de la société romaine dans la droite lignée de Fellini, et dépeint une Italie hagarde dont les décors raffinés du passé peinent à dissimuler une odeur putride et mortifère. « Nous vivons dans l’illusion et passons notre temps à nous justifier dans un blablabla épouvantable d’inutilité. Sauf, peut-être, lorsque nous touchons à ce pour quoi nous sommes faits : l’amour de la beauté et la grâce ». La Grande Belleza est le reflet de la comédie humaine, drôle et pathétique, de la vacuité de la vie et du vide intersidéral de l’intellect. Une belle critique morale pour les amoureux du cinéma d’auteur.
Paolo Sorrentino paye son tribut aux grands maîtres italiens que sont Fellini et Visconti avec cette satire étourdissante de la vanité et de l'ineptie de la jet-set romaine. "La Grande Bellezza" s'ouvre sur une longue-séquence électrisante et survoltée d'une fête où le grotesque,le baroque et la décadence sont de communes invitées. Sorrentino fait le portrait frictionnel de Jep Gambardella,65 ans,écrivain primé pour le seul roman qu'il ait jamais écrit 40 ans auparavant. Revenu de tout,d'une extrême lucidité sur le vide qui l'entoure,il distille quotidiennement son cynisme depuis sa terrasse face Colisée tout en regrettant avec mélancolie un passé qui aurait pu être différent. Toni Servillo pourrait facilement rendre ce personnage antipathique,mais c'est tout le contraire qui se produit. On a pitié de lui,on voudrait qu'il ait une seconde chance. Peut-être arrivera t-elle en laissant ses excès derrière lui? La description de la fauve romaine et de ses freaks rappelle forcément "La Dolce Vita",avec la touche virevoltante d'un auteur sabordant l'Italie berlusconienne,tout en s'ébahissant devant la Rome éternelle. Esthétiquement sublime. Grand Prix du Jury Cannes 2013 . Grand film.
Je n'accroche pas. Y a-t-il vraiment un scénario ? C'est plutôt une galerie de personnages cyniques, désabusés et ennuyeux. Seul intérêt à mes yeux : la photographie des monuments de Rome. Mais 2h20 d'ennui pour ce petit plaisir...c'est cher payé.
La référence aux plus illustres cinéastes italiens est évidente dans cette réalisation soignée et extrêmement esthétique. Néanmoins, elle n'enlève pas tout à fait un sentiment de longueur et d'inutilité, même si c'est précisément de futilité et d'inexistence dont ce film veut nous entretenir. Quant aux images de Rome, pour être belles, elles n'en restent pas moins trop parcimonieuses pour que l'on echappe toujours à l'ennui lorsqu'il surgit.
C'est une vision neuve du cinéma, habilement réalisée, fastueusement filmée. Souvent, on sortant d'une salle on "se fait des références personnelles": ça me fait penser à ci, ça évoque tel ou telle réalisateur, la photographie évoque tel film......Ici rien de tout cela. je ne me souviens pas avoir vu un film similaire. Ce sentiment du "vraiment nouveau" est extrêmement agréable, du moins je le ressens ainsi, pour les amoureux du cinéma. Certain vivront péniblement cette absence de référence, et ce sera long (> 2 heures !) mais, et les critiques pro. et amateurs le prouvent, ceux là seront peu nombreux !!
Le grand chef d'œuvre de Sorretino ! Ce film est juste parfait, naviguant entre le cinéma moderne inventif et le traditionnel purement italien. Il nous narre la vie d'un écrivain fêtard et nostalgique déambulant entre soirées mondaines et restaurants de la Rome chic, féérique et contrastée, une série d'événements viennent alors bouleverser son quotidien ... Il s'en dégage une poésie lyrique et visuelle plutôt hors du commun, l'esthétisme est d'une sensibilité à fleur de peau, certaines scènes sont tellement belles qu'elles donnent l'impression de sortir d'un rêve. La technique de Sorrentino est irréprochable, il est bien le plus grand cinéaste italien actuel. Et que dire de la prestation de Toni Servillo qui est purement et simplement phénoménale ! "La Grande Bellezza" est une œuvre magnifique qui redonne un second souffle au cinéma italien, qui le mérite amplement. Complimenti e grazie Paolo !