L’Intervallo est probablement ce genre de films que l’on découvre en festival, sortent quelques mois mais passent inaperçus. Loin de s’avérer mauvais, ceux-ci demeurent généralement intéressant bien que vide ou dénué d’une certaine identité. C’est en tout cas le cas de ce long-métrage italien très vite écartelé entre ses défauts et qualités… Un jeune vendeur de granité est interpellé par la mafia, qui lui demande de veiller sur une ado le temps d’une journée. Il est conduit dans une vieille bâtisse décrépie où il y découvre cette demoiselle au tempérament ingrat. Malgré leurs différends, ils devront passer l’après-midi ensemble, faire connaissance ou bien attendre… Mais attendre quoi ? Etrangement, dans L’Intervallo, il ne se passe rien. Rien du tout. Et pourtant, l’ennui ne s’installe pas. Cette relation naissante suscite l’intérêt. De plus, nos deux protagonistes ont quelque chose qui les rend attachant. Apparaissant comme sympathiques malgré les différentes circonstances particulièrement risibles, la soumission de l’un envers la méchanceté de l’autre n’atteint pas l’empathie. Par ailleurs, nous souhaiterions en apprendre davantage sur ces deux jeunes à première vue banals, qui semblent pourtant en proie à un passé (ou un présent) difficile à assumer. À trainer chaque jour, à l’instar du chariot de glace pilée imposé par le paternel. Aussi, les décors se trouvent joliment mis en valeur par une photographie de qualité. Le long-métrage de Leonardo di Constanzo verserait ainsi dans l’hétérotopie, de par ses murs délabrés recelant de secrets effacés par le temps. Le traitement de la mise en scène devient alors intéressant en ce qu’il se fait avec un budget nettement amoindri, sur des lieux nécessitant de faire « avec les moyens du bord ». Les moyens, L’Intervallo ne les a probablement pas eu et, de toute manière, n’en aurait jamais eu besoin. C’est donc par le biais de ces décors que Di Constanzo confère à son long-métrage une certaine vitalité, également emporté par deux acteurs convaincants… Toutefois, vitalité n’est point synonyme d’âme. Car d’âme, L’Intervallo ne dispose pas. Pas plus que de scénario puisque dans l’ensemble, le film s’apparente à un coup d’épée dans l’eau. Le fait est que l’on aimerait plus d’épaisseur dans cette histoire au charme souvent présent. L’idée même de l’œuvre s’en trouve atteinte puisque finalement, L’Intervallo sera probablement vite oublié, la faute à un intérêt pas vraiment défini… Ainsi, L’Intervallo a sans aucun doute les innombrables défauts d’un premier film de base. Malgré tout, ses principaux atouts font regretter ce que le long-métrage aurait pu être, avec une histoire et un enjeu quelconque.