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Olivier Barlet
299 abonnés
396 critiques
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4,5
Publiée le 20 novembre 2013
De l'histoire classique d'une mère et de ses fils aux parcours opposés, Djamila Sahraoui tire un film formidablement sensible et épuré dont les images s'enfoncent en nous pour ne plus nous lâcher. Son refus de tout effet n'empêche pas le film d'être tendu de bout en bout. Elle ne distille les détails qu'au compte-goutte, si bien que le spectateur doit lui-même en composer les tenants et choisir l'ampleur de la métaphore. Entre la lumineuse splendeur de la nature et les clairs obscurs des intérieurs de la ferme se joue la résistance d'un pays qui doit retrouver dans son actuel entre deux la féminité et les logiques de vie qui lui assureront un avenir.
Le prototype du film ESTIMABLE, c'est-à-dire un film qui a toutes les qualités requises (beauté des images, jeu des comédiens) pour plaire à de nombreux critiques et à un certain nombre de spectateurs mais dans lequel on s'ennuie prodigieusement tellement il ne s'y passe rien, tellement c'est contemplatif. Au final, je ne sais pas quelle note mettre car 1 étoile correspond à mauvais et ce film est tout sauf mauvais. Je mets quand même 1 étoile car, même si ce film n'est pas mauvais, je n'ai trouvé aucun plaisir en le voyant !
C'est une impression d'aridité et de sécheresse qui résume le mieux ce film dont l'actrice principale est aussi la réalisatrice. Aridité d'une terre rocailleuse desséchée par les vents incessants, ascétisme de la femme qui occupe les lieux qu'on découvre dans un magistral premier plan trainer derrière elle un lourd fardeau qui contient son fils militaire mort qu'elle va enterrer seule, de ses propres mains. Mais la mère a un autre fils qui a pris le maquis, peut-être impliqué de près ou de loin dans l'assassinat de son frère. Le fils maudit fait surveiller sa mère par un gardien, un homme qui a combattu auprès de lui et y a perdu une main, et revient d'abord déposer le bébé qu'il vient d'avoir puis, plus longuement, lorsqu'il a été blessé.
La rancœur de la mère austère et fermée s'exacerbe au contact de ce fils à qui elle refuse de pénétrer chez elle et le soulagement de sa souffrance. Le jeune gardien tente la conciliation, mais quel est vraiment son parti ? Rythmé par le passage des saisons et la renaissance des arbres fruitiers et des cultures, le film s'écoule sur un mode lent et répétitif, avec la rareté des dialogues et des événements. Néanmoins, ce qui se joue sur cette terre à la fois désolée et grandiose tient de la tragédie grecque : unité de lieu, désespoir d'une mère inconsolable prête à sacrifier son deuxième fils par vengeance. La bonne idée du film, c'est aussi de mettre en présence deux jeunes hommes pareillement diminués : l'un amputé d'une main, l'autre affecté d'une blessure à la jambe qui l'affaiblit et le fait boiter. Face à eux, la mère est le personnage fort et altier, retranchée dans sa douleur, inébranlable jusqu'à une issue qui sait rester suffisamment floue, grâce au hors champ, pour éviter à l'ensemble de verser dans l'explicatif et le résolu.
Un film aussi austère et rude que la terre d'Algérie où se déroule le drame de Yema. Yema, c'est la mère : un fils tué par les maquisards, un autre qui fait partie de ce groupe et qu'elle tient pour responsable, sinon coupable. Peu de dialogues, trois personnages principaux : Djamila Sahraoui réalise un huis-clos oppressant en extérieurs. Le film s'ouvre peu à peu à l'image de ce jardin que la mère s'obstine à entretenir. Mais la tragédie rôde toujours dans une Algérie où enterrer et pleurer ses fils est le lot commun. De par le caractère âpre et obstiné de cette femme, jouée par la réalisatrice elle-même, Yema est difficile à aimer malgré ses grandes qualités artistiques.
Ce drame contemplatif et austère au milieu de très beaux paysages algériens raconte une lutte fratricide : une violence absurde, le chagrin, la difficulté à pardonner, ... Un film intense aux images magnifiques qui bouleverse malgré quelques lenteurs (plans sur le jardinage un peu longs) et grâce à un casting excellent.
Beau film, très bien réalisé, avec style et sobriété. On peut regretter l'absence de tout préliminaire, car si on n'a pas lu le résumé, rien ne dit que la maison était abandonnée avant que la mère n'y ramène son fils mort pour l'enterrer. La fin est également très elliptique. L'interprète et réalisatrice est très impressionnante, et le côté tragédie grecque en plein air (paysage et lumière superbes) remarquable.
La ferme est isolée dans le maquis Kabyle, aride et venté. Yema vit entourée de chèvres, d’oliviers et cultive un beau potager. Première image forte, elle ramène le corps de son fils qu’elle enterre sur place. Il était militaire et a vraisemblablement été tué par un groupe de moudjahidines dont son second fils ferait partie. Quand ce dernier revient à la ferme avec un bébé sur les bras, c’est oui pour recueillir le bébé, mais non pour son père. Même blessé, le second restera à la porte avant de payer à son tour pour le meurtre présumé. Une fois ses larmes séchées, Yema retournera à ses légumes et à son petit-fils. C’est que la mère-courage ne transige pas sur les principes : le chagrin est possible, pas le pardon. Comme dans la tragédie grecque, un fils dans chaque camp et la vengeance intrafamiliale pour reproduire la violence extérieure. La métaphore autour l’Algérie des années 2000 prise entre armée et islamistes est claire. Et la place des femmes, prises en otages par cette double violence est ici montrée dans toute sa puissance allégorique. Un récit lent et austère, un magnifique portrait de mère-courage et des paysages d’une sauvage beauté…
Véritable fable allégorique qui n'a rien à envier aux plus grandes tragédies antiques, "Yema" dépeint la lutte courageuse d'une femme contre la barbarie et le machisme primaire de l'Algérie des années 90. Dans un décor aride d’une Algérie rocailleuse, démarre un huis-clos étouffant porté à bout de bras par Djamila Sahraoui (actrice principale et réalisatrice), qui campe à merveille ce rôle d'une mère déchirée entre ses deux fils -le premier officier dans la vallée vraisemblablement tué par le second qui a pris le maquis avec les islamistes. De ce schéma classique, Djamila Sahraoui tire un film formidablement sensible et épuré dont les images s'enfoncent en nous pour ne plus nous quitter.
Trop d'austérité tue le film. L'intention et là mais on passe à côté. Dommage l'interprétation des trois acteurs est séduisante mais la mise en scène ne campe pas l'histoire
J'ai beaucoup aimé ce film. Sobre mais intense. Peu de personnages mais des caractères forts. Entre eux le drame et des liens puissants. Une nature superbe, austère mais magnifique... J'ai pensé à Federico GARCIA LORCA en maintes occasions (et pas seulement parce que ce titre YEMA, c'est presque YERMA). Je pense qu'il aurait aimé...
Belle interprétation de cette actrice qui incarne yema quelle tragédie de famille ....peu de dialogue mais toutest exprime dans les gestes et regards .... le lieu dépouille rendu hostile ...par le vent le froid mais un environnement naturel magnifique
c'est lent, mais lent, mais leeeeeeeent! mais beau. très beau même. j'ai été frappé par la qualité de la photographie, qui apporte grandeur et poésie à cette maison, plantée au milieu d'une terre aride. arides, les dialogues le sont également, Yema (maman en algérien) est une vielle femme usée par la vie. elle vient juste d'enterrer son fils ainé, abattu par des moudjahidines dont fait partie son autre fils. inconsolable, elle le renie. il l'a fait surveiller par un de ses compagnons de maquis. il tentera de renouer avec elle. elle ne parviendra pas à lui pardonner. avec retenue, Djamila Sahraoui parvient à nous faire partager sa douleur de mère de manière quasi documentaire. j'ai hâte de la revoir au cinéma!
Je suis tombé sur ce film par un hasard le plus total au MK2 Beaubourg et quelle bonne surprise ! L'interprétation du rôle de la mère par la réalisatrice elle-même est bouleversante de vérité et on s'installe confortablement dans ce rythme lent mais où l'ennui ne pointe finalement jamais le bout de son nez. Cela faisait un moment que je n'étais pas sorti d'une salle de cinéma avec cette sensation d'avoir assisté à quelque chose d'aussi puissant. Allez-y sans hésiter, promis, vous ne serez pas déçus !