L’attentat…J’ai mis du temps à me décider à aller voir ce film. D’abord parce que je ne suis pas fan de Yasmina Khadra, je trouve que cet auteur s’écoute un peu trop parler, toujours à la recherche de la formule ou du bon mot, et à la longue ça agace. Je me disais aussi que l’adaptation de ce roman ne pouvait pas être pire que celle proposée par Arcady avec « Ce que le jour doit à la nuit ». Et j’avais peur aussi de me taper des images de corps mutilés, de souffrance, de cris et autres joyeusetés de ce genre. Heureusement, le réalisateur reste plutôt discret à ce sujet et c’est tant mieux car ce qui suit n’est pas de tout repos.
Le pitch ? Tel Aviv, un chirurgien arabe, une pointure, intégré, parfait sous tous rapports, qui reçoit même un prix prestigieux (un genre d’Oscar) pour son travail, l’homme idéal quoi ! Quelques heures plus tard, un attentat-suicide. De nombreux morts dont des enfants ; l’horreur. Le kamikaze ? L’épouse du chirurgien.
C’est donc une enquête presque policière au début, qui va vite se transformer en quelque chose de plus profond, puisque Amine, dont la vie s’est virtuellement achevée en même temps que celles des victimes, va s’efforcer de comprendre le pourquoi du comment. Et l’on passe de Tel Aviv à Naplouse, les différences sont là, c’est compliqué et triste à la fois. Comme chez Farhadi, on ne juge personne, il n’y a ni bons ni méchants, simplement des conséquences dramatiques et inacceptables.
La mise en scène est parfaite, sans pathos, sans exagération, sèche comme un coup de trique. Ziad Doueri va à l’essentiel, même si l’on pourra reprocher une facture un peu classique, mais finalement ce genre de sujet ne laisse guère de place à des fioritures. Je signale la prestation excellente d’Ali Suliman, impressionnant de subtilité dans un rôle casse-gueule par définition.
Je suis sorti de là un peu dévasté, mais avec le sentiment d’avoir participé à quelque chose d’important…Difficile à décrire. Je recommande.