Je m'y suis précipitée après avoir vu effectivement cette B.A. CHOC ! Le film l'est tout autant, comme un coup de poing dans l'estomac.
La construction du film est relativement simple et presque linéaire et scolaire. En effet, pour moi, le film se divise en deux parties distinctes.
Deux changements de lieux, où l'on suit le personnage d'Amin (Ali Suliman) passer de Tel-Aviv à Naplouse. Puis, grâce à de petites touches subtiles, le réalisateur réussit à modifier notre point de vue vis-à-vis de l'héroïne martyre. Non seulement, son mari commence aussi à douter et à découvrir petit à petit des preuves inconcevables pour lui. Mais, le spectateur est lui aussi entièrement immergé dans ce questionnement, ces doutes et l'on se perd en conjectures, etc. Et j'avoue que toute cette partie à Naplouse m'a vraiment déstabilisée. Je ne m'attendais pas à ce que le film parte dans ce sens.
Et c'est bien cela, l'immense force de ce film. Il n'assène jamais, à aucun moment, aucune vérité, aucune preuve. Tout comme Amin, nous sommes perdus, assommés, ne sachant plus quoi croire et qui croire.
Film d'une richesse extrême, de par les nombreux thèmes qu'il ose aborder de front : le terrorisme, l'intégrisme, le choc des cultures, la religion bien sûr, le sentiment de se sentir étranger dans son pays, le sentiment d'injustice face à l'indicible, l'incompréhension, le déni, la culpabilité de n'avoir rien vu, le sentiment de trahison et de mensonge de son épouse, l'explosion de son couple... etc... et au final, une sorte de résignation.
Un léger regret : ne pas en avoir appris davantage sur les motivations réelles de Siham. Dont le mystère est pourtant si merveilleusement suggéré. Par les quelques magnifiques flashbacks, où l'on voit Siham, mais toujours de façon très brève et cachée derrière des rideaux, des voiles (son voile de mariée), comme pour mieux entretenir son mystère. Mystère qui restera entier.
Mais, le thème principal, c'est bien sûr une histoire d'amour somme toute banale et intemporelle. Et qui montre que l'on ne connait jamais vraiment personne, même la femme qui a partagé notre vie pendant de nombreuses années.
Pour finir : mise en scène et montage majestueux, photo superbe (les lumières des villes la nuit) et la musique d'Eric Neveux, très envoûtante.
3,5/5 seulement, car j'aurais aimé que le personnage de Siham et surtout ses motivations soient plus explicitées.