Après l'échec cuisant de Starman, ce dernier ayant été sapé par le tsunami ET, Carpenter veut à tout prix son heure de gloire à Hollywood. Disposant une nouvelle fois d'un gros budget, il va l'employer à délivrer une de ces folles expériences si amusantes qui ont jalonnées les eighties. Kurt Russel, son acteur fétiche, est de la partie, à contre emploi de son rôle dans NY 1997, c'est un peu le bouffon de l'histoire. Très drôle, bon et franchement bêbête, son personnage a une fonction bien plus déterminante que le simple fait d'être un gentil héros attachant. L'intrigue se situe en chine, dans une chine de légendes et de mythes, dont la richesse sera mise à profit d'un gigantesque délire poilant ! On regarde Big trouble in little China parce que c'est marrant, divertissent, idiot mais fichtrement agréable ! Un film d'aventure avec des tonnes de magie, de combats, de personnages grandiloquents...ça rime souvent avec nanar sauf que les exceptions à la règle, qui proposent de bons acteurs, d'excellents effets spéciaux, et une maîtrise du montage aussi magistrale que celle de Carpenter, ça rime avec film culte. Jack Burton se range à droite de Ghostbuster dans sa filmothèque, cela ne fait aucun doute. Le genre de distraction suprême qui se consomme sans modération, et enterre en un claquement de doigt tout les pompeux blockbusters actuels. Les comédiens se sont éclatés à faire ce film, cela crève les yeux, et les spectateurs s'éclatent à le regarder ! Tout le monde est content. Oui, mais pas Carpenter, car évidemment, son trip samouraï est boudé par tout le monde lors de sa sortie en 1986. Vu les temps agités sous lesquels Jack Burton est né, la garantie de son succès était on ne peut plus hasardeuse. Du pile ou face. Pour notre réalisateur maudit, c'était couru d'avance. Sans ce regard attendrit que nous avons, de nos jours, face à ces sacré films du bon vieux temps, force est de reconnaître que ce film a du faire l'effet d'une vaste farce déjouant toutes les attentes lors de sa sortie. Alors oui, c'est du n'importe quoi à très haute dose, mais, ce serait réducteur de ne pas reconnaître qu'outre l'énorme galerie de portraits dignes de nos grands fleurons de SF ou Fantasy, la mise en scène alléchante de Big John et les trucages encore une fois en avance sur leur époque, il y a matière à moudre dans Jack Burton. Cela concerne son thème et son contexte. Le personnage de Kurt Russel incarne une métaphore du système Hollywoodien comparé aux production chinoises. A Hong Kong, les films de sabres bourrés d'action jusqu'à l'overdose sont une spécialité, filmés de manière inégalable. Les réalisateurs qui s'en occupent (entre autre Tsui Hark qui nous a gratifié du fameux cru qu'est Detective Dee en 2011) fournissent des œuvres qui dépassent largement les blockbusters américains en terme de complexité du montage, en plus grand nombre et en moins de temps ! Un peu à l'image de notre pauvre Jack Burton qui tout au long du film ne pige jamais rien, américain dépassé par toutes ces mœurs chinoises qui l'entourent. Et si la critique a compris la grosse moquerie que Carpenter a malicieusement induite dans son Big Trouble in Little China, elle n'a pas du aimer ! Bref, voilà un film subjectivement génial et qui objectivement, par sa lucidité, devrait même refréner le cynisme des vieux ronchons toujours prêt à décapiter le premier spectacle venu un peu trop décontracté !