Dernier volet de la trilogie du Hobbit, "La Bataille des cinq armées" promettait de mettre enfin tout le monde d’accord sur ce préquel du "Seigneur des Anneaux", qui jusque là souffrait de son inégalité. Au programme : un affrontement spectaculaire avec le terrible dragon Smaug, une corruption de la quête des Nains, une bataille dantesque entre Humains, Elfes, Nains, Wrags et Orques et, enfin, la fin du voyage initiatique du sympathique Bilbon (toujours campé par l’excellent Martin Freeman). Et, il faut bien admettre que ce dernier volet marque un léger mieux par rapport au second volet… puisqu’il ne souffre pas du même coup d’arrêt scénaristique (voir l’interminable discussion avec Smaug) mais poursuit les efforts entrepris avec la densification des enjeux dramatiques, l’évolution des relations entre les personnages (dont la rivalité entre Elfes et Nains) et, surtout, l’intéressant avilissement de Thorin (Richard Armitage). On se prend, enfin, à ressentir quelque chose pour les personnages (ce qu’on commençait déjà à percevoir un peu dans l’épisode précédent), ce qui permet de se mettre un peu plus dans l’histoire. Et il fallait bien ça pour que le sentiment général d’exclusion qui ressort dans cette trilogie (en raison, notamment, d’effets spéciaux voyants et, plus généralement, d’un univers assez artificiel) s’estompe un peu. Malheureusement, on retrouve dans "La Bataille des cinq armées" les autre défauts d’un "Voyage inattendu" et de "La désolation de Smaug", avec un rythme souvent incertain, une multiplication des sous-intrigues dont résulte un éparpillement de l’histoire, des séquences hyper prévisibles, des personnages manquant cruellement de substance et d’originalité (les Nains, Bard, le Roi, le traître Alfrid…) et, de manière général, une désagréable impression d’entreprise purement mercantile torchée à la va-vite alors que "Le Seigneur des anneaux" brillait par sa richesse tant visuel que scénaristique. Une fois encore, l’idée d’avoir divisé en 3 films de 2h45 un livre de 300 pages, là où chacun des films de la trilogie d’origine était l’adaptation d’un pavé de 600 pages n’était pas forcément l’idée du siècle, sur un plan purement artistique. Le sentiment de remplissage un peu vain aura, ainsi, été prégnant jusqu’au bout… ce qui est d’autant plus paradoxal dans ce dernier épisode, puisque Peter Jackson semble expédier les grands moments de son film pour consacrer du temps à conclure des sous-intrigues. A titre d’exemple, la fameuse bataille du titre, qui aurait dû être le point d’orgue de la trilogie cumulant les moments de bravoure, est, au final, expédiée en moins d’une heure ! Certes, en son temps, la bataille du gouffre de Helm (qui a marqué toutes une génération de spectateurs) ne durait pas forcément plus longtemps mais elle ne constituait qu’une scène marquante parmi tant d’autres et avait su se montrer surprenante dans son déroulement. Autre regret, la mise en retrait du personnage de Bilbon qui était certes inévitable au vu des événements mais qui, là encore, aurait été moins voyante si la saga s’était limitée à seulement deux films. Ce troisième opus reste un divertissement tout à fait convenable, avec des séquences spectaculaires (mais un peu artificielles, donc) et le retour, pour un dernier baroud d’honneur, des illustres anciens tels que Gandalf (Ian McKellen), Legolas (Orlando Bloom), Saroumane (Christopher Lee) ou encore Elrond (Hugo Weaving). La trilogie du Hobbit restera, donc, comme un complément sympa à la trilogie du "Seigneur des anneaux" mais restera incontestablement inférieure à son illustre aîné qui a durablement marqué l’histoire du cinéma de son empreinte.