J’attendais beaucoup de ce spin-off de "Moi, Moche et Méchant", qui devait faire la part belle aux Minions, l’une des plus fantastiques créations animés de ces dernières années et, accessoirement, véritable phénomène de société. Le triomphe du film au box-office m’avait plutôt conforté dans mes attentes. Difficile, dès lors, de ne pas être déçu… surtout au vu de la qualité, somme toute relative, de l’entreprise qui a visiblement été calibré pour les jeunes enfants ! Certes, le risque d’overdose de Minions, qui passent du statut d’hilarant running gag (et, donc, de voleurs de scènes !) à celui de stars du film, était grand… mais la côte d’amour des petits monstres jaunes, ainsi que leur potentiel cinématographique, paraissent suffisants pour pallier ce problème et faire un dessin animé réussi. Malheureusement, les scénaristes ont décidé d’affubler l’histoire d’un ton bien moins tranchant et efficace que celui des deux opus mettant en scène Gru. Résultat : le scénario est un peu basique, malgré une idée de départ intéressante (les Minions se cherchent un méchant à servir mais provoquent, à chaque fois, sa perte), les dialogues sont un peu pauvres (il faut dire que le langage des Minions prend, subitement, une place disproportionnée et que les personnages "parlants" peinent à suivre) et les seconds rôles manquent un peu de consistance. C’est, d’ailleurs, la grosse différence entre "Les Minions" et les "Moi, moche et méchant" qui bénéficiait, en plus, de fantastiques personnages, à commencer par les trois gamines qui formaient un parfait contre-point aux Minions. Il manque, ici, l’équilibre de ses illustres prédécesseurs… qui est remplacé, comme on pouvait le craindre, par la surenchère jaune redoutée et un certain goût pour le recyclage des gags qui ont fonctionné par le passé. Les méchants de l’histoire ne sont pas, pour autant, sans intérêt mais doivent davantage à la qualité du casting vocal (Marion Cotillard en Scarlett Overkill névrosée et Guillaume Canet en Herb Overkill tellement british 70’s) qu’à l’écriture même des personnages (qui manquent de décalage). Il en est de même pour les personnages secondaires, qui ne déméritent pas mais peinent à marquer les esprits en raison d’un temps de présence à l’écran trop limité ou d’une disparition trop prématurée (la famille Nelson qui avait pourtant beaucoup de potentiel). Aurais-je été aussi exigeant avec Les Minions si les "Moi, moche et méchant" n’avaient pas existé ? Certainement pas, il faut l’admettre… surtout au vu de certains gags qui fonctionnent plutôt très bien (voir, entre autres, le voyage en voiture avec la famille Nelson ou le passage de la caisse de la Tour de Londres) ou encore de la qualité de la BO (qui recycle quelques tubes des 70’s qui font plaisir).
C’est, également avec un plaisir évident qu’on retrouve le jeune Gru qui s’offre un caméo final très réussi.
"Les Minions" se regarde, donc, très gentiment mais il souffre incontestablement d’une écriture paresseuse qui trahit une tendance des créateurs à beaucoup trop se reposer sur leurs lauriers en surexposant leurs petits monstres. Ce qui rend leur immense succès un peu immérité, surtout l’année où est sorti un véritable chef d’œuvre de l’animation, à savoir "Vice-Versa".