Ce film d’animation au dessin parfaitement maîtrisé et à l’indéniable plastique nous propose les aventures rocambolesque de ces Minions devenus célèbres depuis les deux premiers "Moi, moche et méchant". Tout petit, tout rond, tout jaune, portant salopettes en jean et grosses lunettes, babillant un sabir aux allures d’esperanto "pour les nuls", les Minions sont passés de faire valoir à héros de de leur propre film d'animation. Banana ! Ces pitres couleur banane sont nés pour assister et cajoler le premier génie du Mal venu. Sans un barbare dans les parages, ils s'affaiblissent, ils sombrent dans la mélancolie. S’ils se lancent dans une quête aussi épique que farfelue, trouver leur horrible mentor, c’est que, dans la langue de Shakespeare, "minion" signifie larbin. Alors, malgré leur gentillesse foncière, leur esprit de groupe et leur altruisme un peu vachard, ils ont besoin d’une crapule à adorer. Ce qui nous vaut quelques séquences fort plaisantes mettant en évidence les lois de l’équilibre astable sur le Tyrannosaure Rex ou de l’effet de la lumière sur le comte Dracul de Valachie. Ainsi, le premier quart d’heure du film nous présente un raccourci "minionesque" d’"Il était une fois la Vie". Suit alors une mémorable retraite de Russie expliquant parfaitement l’exil de l’Empereur. Je pourrais dire, là se termine l’histoire car, pauvreté du scénario aidant, la suite d’un film n’est qu’une longue suite de brèves séquences, souvent cocasses, parfois absurdes, presque toujours comiques, certaines sont même hilarantes, mais séquences qui, au désespoir des producteurs, n’a guère fait réagir le public de la salle, principalement composé d’enfants et d’adolescents. Quant aux adultes, ont-ils tous compris les subtils gags, les sketches délicats, les sous-entendus délectables, les références recherchées. Pendant plus d’une heure, à raison d’une par minute, c’est une avalanche de clips plus destinés au cinéphile qu’à l’enfant qui n’en retiendra que quelques grossiers effets pyrotechnique ou quelques bruits scatologiques.
Passant de la Grosse Pomme des années 1968, avec hippies, chemises à fleurs et un "probe" Nixon, à l’intemporelle et flegmatique Londres des "sixties", pour y dérober la couronne, le spectateur ne manquera pas de déguster toutes ces images dans lesquelles il reconnaîtra, de James Bond aux Beatles en passant par Gainsbourg, jusqu’au Marshmallow final un élégant hommage pop à nos années de jeunesse.
Peut-être les Minions méritaient-ils un film pour eux tout seuls, peut-être fallait-il jouer avec l’inconscient collectif, peut-être devaient-ils nous imposer un rythme frénétique avec cabrioles, explosions à n’en plus finir, mais il eut fallu un peu plus de corps à l’histoire. Avec ce film, on est devant un catalogue d’effets, une encyclopédie du cinéma, mais pas aussi près qu’on pourrait y prétendre d’une comédie familiale faite pour dérider nos zygomatiques avec ces irrésistibles et hilarantes gélules !
Par contre, la promotion du film étant bien assurée, ce sera le carton de l’été.