Vous devez vous dire que ça tient de l'acharnement... Non désolé, juste que j'aime écrire mes critiques au fur et à mesure que je vois les films et j'ai profité de l'occasion des "hommages" rendus suite à la disparition d'Alain Resnais pour aller à la découverte de l'oeuvre clairement surestimée, pour ce que j'en ai vu, de ce réalisateur. Rien de personnel; juste de la curiosité sans doute un peu malsaine dans le sens où ayant détesté Mon Oncle d'Amérique, je vois difficilement comment je pourrais apprécier davantage ce film.
Et pourtant en un sens c'est le cas. Si vous regardez plus bas vous constaterez que ce "Mélo" obtient 0,5 points de plus que "Mon Oncle d'Amérique" dans ma critique. Comme quoi... Sauf que le film souffre d'un paradoxe évident. D'un côté je le trouve infiniment plus pertinent dans sa démarche que "Mon Oncle d'Amérique" qui, comme je l'ai dis longuement auparavant, était un film bancal dans le traitement de son propos. En revanche ce "Mélo" ne souffre pas de ce problème. Ici on comprend clairement qu'Alain Resnais a cherché à filmer un vaudeville théâtral à la portée mélancolique voir quasi tragique et en ce sens le film respecte le contrat... Sauf que le problème étant que là, pour le coup le film en devient encore plus chiant que ne l'était Mon Oncle d'Amérique qui pouvait ennuyer par sa médiocrité alors qu'ici le film ennuie surtout par son côté pompeux et aussi et surtout par la vacuité de ses personnages.
Le problème de ce long métrage est le suivant : c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop littéraire. A la base je n'ai rien contre cela, sauf que dans le cas présent nous nous retrouvons devant des dialogues qui ne sont pas joués, mais juste déclamés comme dans une pièce de théâtre. Et peut être est ce cohérent avec la démarche artistique, mais il serait temps de considérer que ce n'est pas parce qu'il y en a une que forcément c'est excellent. Ca en fait un film moins pire qu'une merde dénuée de passion certes, mais ça ne fait pas un bon film pour autant. Considérez moi comme quelqu'un de fermé d'esprit, mais je pense que l'on ne peut pas appliquer le même traitement à un film qu'à une pièce de théâtre car ce sont deux médias différents avec une perception du public qui l'est tout autant. Au théâtre, la pièce se joue devant vous, les acteurs évoluent devant vous... il y a un côté palpable rendant l'ensemble presque réel bien que l'intrigue soit limitée par une unité de lieu et de temps que le public accepte naturellement. En revanche au cinéma, évidemment rien n'est palpable et il est ainsi plus difficile en tant que spectateur de vous "identifier" ou plutôt de vous rattacher à une histoire où il y a une séparation très nette entre cette dernière et vous. A la différence du théâtre, vous n'occupez pas le même plan "physique" au cinéma (l'action se déroule derrière un écran, dans un "autre monde" alors qu'au théâtre tout est sur un scène et bien "palpable). C'est pour cette raison qu'un dialogue trop littéraire peut davantage passer sur une scène plutôt que derrière un écran car finalement l'effort consenti par le spectateur afin de croire au monde et aux personnages présents devant lui physiquement sera moindre par rapport à une histoire se déroulant dans un film, derrière un écran. Et c'est pour ça d'ailleurs qu'un film, dans ses artifices doit tout mettre en oeuvre pour vous rapprocher d'une certaine forme de réalité, vous faire accepter cette dernière et qu'en cela il doit être d'une grande cohérence dans son univers intrinsèque (sinon on repère l'incohérence et on décroche). Or ici le problème avec ce Mélo, c'est son mélange évident des genres où finalement il devient difficile de croire à des personnages s'exprimant avec un style bien trop littéraire, étudié et surtout manquant de spontanéité empruntant clairement aux textes du théâtre, dans un film qui lui même de par sa structure même va freiner le spectateur dans l'identification.
Alors certains films peuvent facilement détourner la contrainte de l'identification en jouant à fond sur la carte de l'esthétisation. On peut par exemple évoquer les films de Kubrick, que ces derniers vont être très froids sur le plan de l'émotion, ils vont s'affirmer comme étant de pures leçons de mise en scène et ainsi trouver un intérêt qui va être au delà de l'idée de raconter l'histoire de personnages... Mais ce n'est évidemment pas le cas de ce "Mélo" qui accompli sa plus grande erreur en essayantde mettre au coeur de son intérêt le parcours de ses protagonistes qui n'ont finalement rien d'humains dans leur traitement. Et pour en revenir à la mise en scène, il faut reconnaitre que celle de Resnais n'avait rien d'exceptionnelle dans ce film. Alors il faut le dire c'est quand même infiniment moins plat et plus inspiré que dans Mon Oncle d'Amérique. Il y a quelques plans qui sont très beaux et mouvements de caméras bien trouvés. Mais encore une fois, il faut peut être relativiser ces derniers : ne venez pas me dire que ça vous a impressionné et que jamais vous n'avez vu quelque chose d'aussi "spectaculaire" ou pertinent. Non sérieusement même par rapport à ce que faisait Clouseau, Resnais dans Mélo reste dans de l'ultra classicisme et ce n'est pas parce qu'il a un ou deux plans inspirés que c'est à s'en taper le cul par terre tellement c'est beau... Dans les faits c'est très commun.
Alors pour conclure qu'est ce que l'on a dans ce "Mélo" ? Un film froid, littéraire, pas nécessairement transcendant sur la forme, portant une histoire classique aux personnages envers lesquels il est dur de ressentir de l'empathie... Enfin bref nous avons clairement un film prédestiné à faire fuir ce grand public dont l'approbation n'aurait été finalement qu'une insulte aux yeux de la classe bobo parigo vers laquelle se film semble avant tout se destiner. Mais il n'en demeure pas moins que dans les faits, c'est chiant.