Il y a maintenant sept ans, Eric Pittard a été diagnostiqué d'un cancer du sang. Une nouvelle qui l'a considérablement affaibli et a changé sa vie à jamais. Ce film l'a en partie aidé à reprendre pieds et à rester dans le système, comme il l'explique lui-même : "J’ai la chance de pouvoir écrire. C’est d’abord une manière de s’occuper. Puis, aussi, un outil qui permet de retrouver des codes. C’est une manière d’exprimer l’injustice qu’on ressent d’être tombé malade. On passe de l’état de victime à celui plus actif, de créer. J’ai perdu des choses à cause de la maladie. Mais elle m’en a fait gagner d’autres, ce film en est la preuve."
La première phrase du film, "J'ai fait le con!", n'indique pas seulement qu'Eric Pittard s'exprimera à la première personne du singulier, mais ancre le début du film dans une situation réelle, de laquelle l'homme se détachera ensuite.
Les premières images voient Eric Pittard brandir un sex toy d'une main, et une pellicule de film de l'autre. Pour lui, cette dernière s'impose comme symbole de toutes les images qu'il a filmées dans sa jeunesse militante, combats et luttes sociales, et dans sa carrière de documentariste. Le sex toy, lui, représente l'intimité du corps, de l'individu, longtemps dissocié des combats politiques. Selon les mots d'Eric Pittard, "Brandir le sex toy et la pellicule du film, c’est réconcilier l’intime et le collectif."
De l’usage du sextoy en temps de crise mêle des situations du réel avec des archives d'images qu'Eric Pittard a lui-même tournées, sur lesquelles il a rajouté des histoires inventées.
Eric Pittard a travaillé avec des comédiens professionnels, mais également avec des personnes du réel, à qui il a demandé d'improviser autant que possible. Chaque protagoniste était libre de ses gestes et de ses paroles, mais à chaque fois dans un cadre prédéfini : constamment sur le fil du rasoir.
Les questions que se pose Eric Pittard dans le film - sur le sexe, le désir, la vie de couple, le mouvement de libération des femmes - lui sont restées à l'esprit depuis ses 20-30 ans, et lui sont revenues pour les besoins du film avec force alors qu'il voit les jeunes d'aujourd'hui découvrir les romans de Jack Kerouac ou William S. Burroughs.
La musique jazz (composée par Yann Pittard) tient une place importante dans le film, principalement sur les images d'archives du musicien Bernard Lubat qui joue de l'accordéon ... un instrument pourtant peu associé avec la musique jazz!