Baptiste Cambière (Pierre Rochefort), qui semble avoir zoné un temps (prologue), est instituteur remplaçant. W-e de Pentecôte : il est au Vigan (Gard), en charge d'une classe de CM2. Il se propose pour garder l'un de ses élèves, Mathias, constatant : 1) que son père a oublié d'aller le récupérer après la classe, 2) l'ayant amené au domicile paternel en scooter, que ledit géniteur, qui paraît gagner sa vie d'une façon non-conventionnelle (vaguement courtier en voitures de luxe), est fort embarrassé du gamin. Dès le samedi matin, il se laisse convaincre d'aller au bord de la mer, à Maguelone (Hérault). Il découvre ainsi l'existence de Sandra (Louise Bourgoin), la mère de Mathias, qui gagne sa vie comme serveuse dans un restaurant de plage. Paraît un (grand) rien paumée, et a des (gros) soucis avec 2 individus louches. Cette première partie du nouveau film de Nicole Garcia, réalisatrice (son 7e, depuis 1990, et "Un w-e sur 2") a, sur l'argument, tout d'un épisode de "L'Instit" (série télévisée diffusée de 1993 à 2005 sur le service public, avec Gérard Klein dans le rôle-titre). Sauf que Baptiste, jeune trentenaire plutôt réservé, voire taciturne, révèle assez vite un côté sombre, permettant déjà de faire le lien avec le prologue.
La deuxième partie est nettement plus intéressante, sur fond de secret de famille (richissime et grande-bourgeoise) au bout d'un (court) passage en road-movie, vers la région toulousaine. Et mieux venue sur la forme. Baptiste est alors dans une partie de fils réprouvé assez réussie, entre orgie d'écrevisses, parties de tennis et apartés avec frères, soeur et mère (excellente idée d'avoir distribué la "Femme douce", Dominique Sanda, revenue pour l'occasion de son exil sud-américain, dans un rôle où son phrasé unique fait merveille quand elle campe Liliane Cambière, une génitrice distraite selon ses dires, fantasque et décalée plutôt, ce qui permet de mieux cerner ce "fils préféré" de son défunt mari qu'est Baptiste, qui tient surtout d'elle !), pendant que Sandra, la prolétaire, n'est reconnue (comme l'une des leurs) que par les membres de la domesticité.
Histoire donc inégale, mais pas dépourvue d'attraits. Belle photo, éclairages soignés. Pierre Rochefort (double "fils de", à propos duquel on se prend à admirer les effets de la génétique - il a beaucoup d'un père qui ne l'a pas élevé) est très prometteur, et Louise Bourgoin acceptable. La moyenne : 2,5/5.