Un film à la fois ambitieux et opportuniste (quel meilleur moment pour parler de la peur de l’engagement des trentenaires et de l’avenir que la veille de l’an 2000 ?) signé par le plutôt talentueux Cédric Klapish… qui réunit à peu près tous les défauts d’une production française de base, l’austérité en moins, le risible en plus. L’intention était louable de vouloir montrer un Paris futuriste recouvert par les sables, décor propice à d’impressionnantes prises de vue et à la mise en place d’une atmosphère à part… quitte à faire l’impasse sur une ficelle scénaristique un peu grotesque avec son passage spatio-temporel par une trappe de toilettes, digne d’une série Z. Encore aurait-il fallu aller au bout de la logique tant sur le plan visuel (avec un travail sur l’image et sur le design) que scénaristique (aucune explication n’est donné sur l’ensablement, aucune chance n’est laissé au spectateur d’imaginer qu’il ne s’agit que d’un rêve sous forme de réflexion quant à la paternité…). Difficile dès lors d’être indulgent au vu des ambitions affichées et des promesses non tenues. Surtout que Klapish ne s’arrête pas là ! Comment peut-on livrer un travail aussi passable lorsqu’on bénéficie d’un casting de jeunes talents aussi prometteurs (Romain Duris, Géraldine Pailhas, Vincent Elbaz, Léa Drucker, Julie Depardieu, Hélène Filières, Emmanuelle Devos, Olivier Gourmet, Lorànt Deutsch, Jocelyn Quivrin dans un de ses premiers rôles…) et surtout comment peut-on sacrifier autant leur personnage ? Seul Romain Duris peut se vanter d’avoir un personnage vraiment écrit, à défaut d’être vraiment original (le coup du trentenaire en plein doute face à la paternité est un des sujets favoris des auteurs français). Pour les autres, on assiste à une succession d’amorces d’intrigues au mieux anecdotiques (le goût de Nathalie pour les gamins de 18 ans, le mec en vert qui a perdu sa doudoune, les névroses de Clotilde, l’immaturité de Philippe…), au pire inabouties (le trouble de Rosemonde face à Ako, le rôle de Blandine…). Un traitement qu’on peut qualifier de grand gâchis car on sent malgré tout que Klapish cerne bien cette jeunesse. Quant à l’intrigue, c’est peu dire qu’elle tourne très rapidement en rond pour s’achever dans un espèce de maelstrom sexuel aussi déplacé qu’inutile (passe pour Arthur et Lucie mais quel intérêt pour les autres personnages ?). Comme quoi, un pitch intéressant ne fait pas toujours un bon film… Heureusement, il reste Jean-Paul Belmondo. Le grand Bébél réussit, comme toujours, à emporter le morceau malgré un rôle improbable (le fils du personnage de Romain Duris !) et un look assez ridicule. L’humanité bouleversante de son regard et son indécrottable sympathie alliés à un charisme toujours intact font de son personnage la principale (la seule ?) attraction de ce "Peut-être" qu’il sauve du naufrage sans pour autant en faire un film acceptable. Un Klapish raté en somme. A noter malgré tout : les apparitions savoureuses de Jean-Pierre Bacri et Elisa Servier en parents inconscients.