Depuis que les studios Pixar se sont lancés dans des projets de suites, les choses balancent maladroitement pour eux. En effet, ils peuvent autant se planter dans le commercial (Cars 2, Monstres Academy) que de réussir un véritable chef-d’œuvre (Toy Story 3). Mais cela ne les empêche pas de nous laisser perplexes, préférant pour le moment laisser de côté la créativité qui leur été propre pour se pencher sur ses fameuses séquelles (rachat par Disney oblige). Un fait indéniable qui se traduit par l’annonce de futurs films attendus pour les années à venir (Cars 3, Les Indestructibles 2, Toy Story 4) et qui perdure en cette année 2016 avec Le Monde de Dory, suite d’un des Pixar les plus acclamés et appréciés de leur filmographie. La question restant en suspens est tout de même la suivante : ce Monde de Nemo 2 est-il plus du côté d’un Cars 2 ou bien d’un Toy Story 3 ? Réponse !
Ce qui avait marqué avec Le Monde de Nemo, ce n’était pas sa créativité ni son originalité. D’ailleurs, le film d’Andrew Stanton et Lee Unkrich se rapproche bien plus d’un 1 001 Pattes que d’un Monstres & Cie., prenant comme concept de base la personnification d’animaux. Mais plutôt sa beauté visuelle encore impressionnante aujourd’hui, son aventure riche en émotions, ses personnages attachants au possible et, sans conteste, la magie et la poésie qui se dégageaient de cette œuvre inoubliable. De la part d’une suite, il fallait s’attendre à tous ces critères ne serait-ce qu’un minimum ! Et malheureusement, Le Monde de Dory n’arrive pas à égaler son prédécesseur, ne parvenant pas à remplir ce cahier des charges. Et pourtant, quand on voit le rendu final de cette séquelle qui reprend la grande majorité des caractéristiques cités, nous ne pouvons que grandement apprécier le travail d’Andrew Stanton et de son nouveau « coéquipier » Angus MacLane.
D’une part, le scénario. Ce dernier, véritable continuité du Monde de Nemo, permet d’approfondir non seulement le personnage de Dory, mais également de renforcer les liens qui l’unissent aux autres protagonistes (notamment Marin et Nemo) tout en lui offrant de magnifiques séquences sous forme de flashbacks qui sauront émouvoir et la rendre encore plus drôle et attachante qu’elle ne l’est déjà (rien que de la voir jeune saura mettre tout le monde d’accord !). Une aventure dont elle et reine et qui nous permet de découvrir de toutes nouvelles têtes aussi charmantes et hautes en couleurs (mention spéciale au poulpe Hank), qui ne donnent nullement l’impression d’avoir été introduites pour vendre des jouets, tout en retrouvant les vétérans, n’apparaissant jamais en surdose (dont Crush et M. Raie). Humour, passages émouvants… c’est avec un immense plaisir que l’on replonge dans cette odyssée aquatique des plus séduisantes !
Du côté des graphismes, c’est toujours la même chose : un véritable bijou pour la rétine ! Si nous sommes bien loin de l’hallucinant photoréalisme du Voyage d’Arlo, Le Monde de Dory se situe dans la moyenne de ce qui se fait aujourd’hui tout en remettant en valeur les atouts de son prédécesseur. À savoir un sens du détail des plus affûtés et un panel de couleurs agréables pour la rétine, en plus d’un décor aquatique hautement crédible (représentation du courant par les algues et anémones se laissant bercer par le mouvement de l’eau, les bruitages utilisés à chaque bulle et coup de nageoire de nos chers poissons…). Ajoutez à cela bien plus de paysages en dehors de l’océan pour plus de diversité (l’Institut de Biologie Marine) et vous obtenez une fois de plus un film d’animation qui saura visuellement vous séduire.
Quant à la VF (l’ayant vu sous ce format-là), elle se révèle être de très bonne qualité ! Déjà que Céline Monsarrat (la doubleuse officielle de Julia Roberts) en Dory et Franck Dubosc en Marin avaient fait des merveilles dans Le Monde de Nemo, c’est juste un bonheur de les retrouver dans cette suite, tout comme certains interprètes secondaires (dont Emmanuel Jacomy en M. Raie). Pour les nouveaux, il est surprenant de voir que les « célébrités » prises pour l’occasion s’en sortent plutôt bien, étant tout simplement méconnaissables (Philippe Lellouche en Hank, Mathilde Seigner en Destinée et Kev Adams en Bailey), tout comme les professionnels vocaux qui interviennent ici (Michel Papineschi et Catherine Davenier entre autres). Sans oublier un délire autour de la journaliste Claire Chazal (qui prête ici sa voix) qui s’avère payant. Si la VO est toujours considérée (à juste titre) meilleure que la version française, Le Monde de Dory confirme que chez Pixar (et plus particulièrement Disney), nos versions nationales peuvent s’avérer d’excellentes factures !
Mais alors, après tous compliments, que peut-il bien manquer au Monde de Dory pour être moins réussis que son prédécesseur ? Tout simplement ce qui faisait le grand charme de ce dernier : l’émerveillement. Si cette suite saura vous attendrir et titiller par instant votre corde sensible, sa puissance émotionnelle n’est pas aussi forte que celle du Monde de Nemo. La faute principalement à une musique certes jolie mais moins prenante, une ambiance moins envoûtante, des sensations fortes amoindries (
on compte ici trois séquences « dangereuses » contre une bonne dizaine dans le premier
) et un rythme un peu plus saccadé (les flashbacks, bien qu’émouvants, cassent un peu l’allure du film). De ce fait, on se retrouve avec une aventure qui se suit avec beaucoup de plaisir sans réellement emporter. Une suite qui donne souvent l’impression d’avoir été faite « parce qu’il le fallait ». Un très bon divertissement d’animation, tout de même lambda de la part des studios Pixar.
Qu’à cela ne tienne, regarder Le Monde de Dory est un petit régal ! Certes, nous sommes bien loin du premier opus et des autres grandes réussites des studios, mais il y a matière dans cette suite pour permettre de passer un agréable moment en famille. Et pour répondre à la question de l’introduction, je dirais que ce film se situerai entre Cars 2 et Toy Story 3 (penchant tout de même plus vers ce dernier), car n’étant pas inoubliable mais parvenant à creuser son univers attachant tout en apportant quelques nouveautés bienvenues. Espérons que les autres séquelles signées Pixar (bien que je n’attendre rien de Cars 3) sachent se montrer aussi sympathique que ce Monde de Dory !