« Le Monde de Nemo » a enchanté tous ceux qui l’ont vu et qui ont gardé une âme d’enfant : le rythme infernal du film, son inventivité permanente, sa beauté plastique, son humour décapant et toujours efficace et le formidable travail de doublage-voix du premier opus, c’est tout cela que l'on escompte retrouver dans « Le Monde de Dory ». D’un point de vue technique, le film est parfaitement à la hauteur de son prédécesseur : le travail de graphisme est impressionnant, surtout quand on sait que l’eau en général et la mer en particulier sont ce qu’il y a de plus délicat à reproduire à l’écran avec précision. Même rythme soutenu (avec cependant quelques scènes qui tirent un peu en longueur parfois, ce qui avait été évité avec « Le monde de Nemo »), même qualité de doublage avec une mention spéciale à Philippe Lellouche en poulpe misanthrope, même humour à double niveau (un pour les petits, un pour les grands) avec cependant peut-être un peu moins de clins d’œil, de références culturelles et cinématographiques que dans le premier film (je l’ai revu il y a peu, il y a quand même un clin d’œil à un film de Stanley Kubrick dans « Le Monde de Nemo » !), même soin apporté au choix de la musique (avec un final signé Nat King Cole tout à fait pertinent), « Le monde de Dory » est un film d’animation de grande qualité qui trouve sa place dans le club très fermé des films d’animation capables d’entrer au Panthéon du cinéma. Quant au scénario, il est très inventif, il y a une idée par minute au moins, le rythme est tellement soutenu, surtout dans le dernier quart d’heure, qu’on frise le too-much et l’épuisement pour le spectateur, surtout s’il s’agit d’un tout jeune spectateur. C’est d’ailleurs un peu étonnant d’y déceler par moment quelques longueurs, comme je l’ai dit. De ce scénario « pied au plancher », que peut-on retenir ? Situer 90% du film dans un parc océanographique n’est pas une mauvaise idée, cela change un peu du film précédent qui se déroulait alternativement dans un aquarium et un océan immense. Ici, le parc est l’occasion de personnages, de rebondissements et de gags nouveaux, cela empêche une certaine redite. Mais quand même, sur le fond, il s’agit toujours de retrouver un être cher, de s’échapper d’un endroit confiné pour retourner à l’océan, de ne pas laisser tomber ses amis, de faire preuve de courage, de persévérance : mêmes ingrédients, recette revisitée comme on dit en cuisine ! C’est un parti pris que je peux comprendre, même si j’aurais aimé peut-être un peu plus d’inventivité sur le fond du propos, que l’on s’écarte un peu plus de la trame narrative du premier film. Là, ce qui est dommage, sans pourtant gâcher le plaisir, c’est que l’on n’a plus très vite l’émerveillement du premier film, on est en terrain connu : terrain sympathique mais connu. Du coup, on se sent peut-être un poil moins concerné par la quête de Dory que par celle de Marin. La fin, (j’entends par là l’épisode de l’autoroute) complètement loufoque sonne un peu trop excessive pour le spectateur adulte, on veut bien redevenir un gosse pour faire semblant d’y croire mais il ne faut pas pousser quand même ! Néanmoins, « Le Monde de Dory » reste un film agréable et drôle, techniquement parfait qui amusera les petits et les grands en leur rappelant qu’il est des qualités humaines que l’on aimerait retrouver plus souvent chez les humains de 2016, beaucoup plus souvent…