Une très grande douceur émane de ce film, commençant très lentement et modestement par les images de la réalisatrice Jihane Chouaib, suivant le retour de sa sœur Nada sur les traces de leur enfance dans le Liban d'aujourd'hui.
Puis le film se déroule peu à peu, par l'apparition des trois autres 'personnages' : la journaliste Katia Jarjoura, le réalisateur Patric Chiha et le metteur en scène Wajdi Mouawad. Leurs témoignages croisés ont pour point commun leur enfance, vécue dans les années 70 loin du Liban en guerre, mais présentant pourtant des traumatismes bien réels de ces années de déchirements.
Si tous les trois font des récits particulièrement émouvants de leurs enfances, souvent les paroles lumineuses de Wajdi Mouawad permettent d'expliciter les souvenirs plus confus ou subjectifs des trois autres témoins.
Et suivant le fil du commentaire extrêmement poétique, souvent en contrepoint des images, ce film est bien plus qu'une suite d'interviews, mais s'ancre dans la mémoire sous forme d'un journal filmé quasi onirique (on pense même parfois à une sorte de David Lynch en bord de Méditerranée), évocation superbe de la nostalgie 'douloureuse et douce' d'un pays de l'enfance disparu.
La seule faiblesse du film est à mon sens ce court passage critiquant l'hyper-féminité des femmes libanaises, dans laquelle la réalisatrice y voit une 'féminité machiste' (suivant par là une doctrine pseudo-féministe un peu datée), alors qu'elle serait pour moi, dans les excès du maquillage ou de la chirurgie esthétique, une manière 'autre' de reconstruire l'image du pays.