Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec L’Eté meurtrier. J’ai découvert un film assez bon, malheureusement parsemé de travers plutôt pénible pour un film ambitieux.
Déjà, malgré son indéniable charme, sa sensualité manifeste, et parfois de bons moments de jeu, Isabelle Adjani, avec un trait la plupart du temps forcé, livre une prestation moyenne et souvent agaçante. Son personnage versatile a des atouts, mais il semble étrangement torturé avec des idées un peu burlesques et inutiles (le fait qu’elle soit douée en calcul mental !). Face à elle Alain Souchon est sobre, trop peut-être, il parait effacé, et finalement il faut se rattraper sur quelques solides seconds rôles pour avoir des numéros d’acteurs de premier ordre, notamment l’excellente Suzanne Flon. Malgré tout, compte tenu du casting, on était en droit d’attendre mieux.
Le scénario souffre de certaines longueurs, c’est sûr. 2 heures pour en arriver là ou en arrive, c’est sûrement trop. Le film alterne finalement entre des moments forts et accrocheurs, et des moments plus mous, moins séduisants, qui viennent grossir abusivement un film qui aurait mérité d’être mieux tenu, avec, éventuellement, une histoire mieux dégrossie et plus fluide. Souffrant de ce manque de rebondissement, pour autant le film de Jean Becker conserve une certaine force, et sait être touchant et marquant à plusieurs moments. Dommage que ce ne soit pas égal sur l’ensemble de la durée.
Formellement le film dégage une ambiance assez caniculaire du sud de la France, une ambiance lourde, assommante, qui fonctionne bien. Si la mise en scène de Becker n’est pas toujours du meilleur aloi, peinant, notamment vers la fin à donner toute sa puissance aux scènes qu’ils montrent (il y a tout de même quelques moments très bien emballés), pour autant L’Eté meurtrier possède une certaine personnalité, qu’un thème musical plus significatif n’aurait fait que renforcer.
Au bout du compte voilà un film au sujet fort, mais traité de façon inégale. Parfois puissant, parfois assoupissant, le film avance sur un faux rythme pas toujours heureux. Après j’ai quand même envie de dire qu’il est à voir au moins une fois, car il reste typé, et ne manque pas d’intérêt. 3.