Très déçu de ce faux documentaire où les personnages, si attendrissants soient-ils, sont hautement caricaturaux. Du petit indien en chaise roulante à la jeune fille de l'atlas sud marocain, en passant par les petits kenyan et le cavalier de l'altiplano, c'est une critique "proprette" de l'inégalité nord-sud concentrée sur l'école. Pourquoi pas, c'est une situation évidente de le constater, qu'entre les états émergent ou les moins avancées et de l'autre côté, les superpuissances, les moyens ne sont cruellement pas les mêmes, que ce soit dans la santé, la sécurité ou bien ici l'éducation.
On suit donc quatre parcours, aux dialogues sous-titrés (au moins, le choix de ne pas faire de doublage est une bonne idée), dans des paysages qui n'en restent pas moins sublimes, servis par la bande-son très agréable. Le tout en un peu plus d'une heure, ce qui reste assez court pour cette production portée par une publicité importante dans les salles mais aussi par les arcanes mystérieux de l'éducation nationale. Enfin, la façon dont il est pensé et écrit, avec du recul, rappelle non plus le docu-fiction, mais une sorte de chaînon manquant entre la TV-réalité et le cinéma.
C'est en fait juste tout le reste de ce film, tout parait bien trop "fabriqué" et peu naturel, ce qui donne cet arrière goût amer de forfaiture, et non de film véritablement engagé. Entre l'attaque d'un éléphant fictif rajouté pour mettre un peu de piquant dans le film pour réveiller les jeunes spectateurs visés qui pourraient s'endormir, peu habitués aux productions contemplatives, ou le passage avec l'aide de nombreux petits indiens qui apparaissent tout d'un coup pour que le malheureux cloué dans sa chaise et filmé avec peu de décence puisse franchir dans un suspense sous tranxen les derniers kilomètres le séparant de sa précieuse classe, l'auteur de ce docu-fiction en a trop fait, et oublie que l'autre difficulté se situe dans la classe même, sans manuel, sans suffisamment de matériel, avec des cours allant jusqu'à 80 enfants par classes... Là il eut été bon de s'attarder. Passons.
Le film aurait été complet et pourrait être un chef d'oeuvre,si une comparaison avait été faite avec les conditions de vie des écoliers des états "du nord" plus favorisés.
Ainsi quelques exemples évoqué de tête... Suivre une écolière rurale vivant au milieu de l'Estramadure qui doit également faire des heures de marche ou subir l'internat pour avoir une scolarité normale, ou encore le parcours d'un écolier japonais soumis à une culture de la réussite intensive, contraint de se lever avant l'aube et de se coucher bien après le point du jour, tout ceci aurait été aussi intéressant en étalant le film sur une durée plus longue.