Avis sur Le Tour d'écrou

Les adaptations cinématographiques ou télévisuelles de la nouvelle d’Henry James, « Le tour d’écrou », sont nombreuses les plus célèbres restant « Les innocents » de Jack Clayton en 1961 avec Deborah Kerr, « Le corrupteur » de Michael Winner en 1972 avec Marlon Brando dans le rôle de la gouvernante ( !) et « Les autres » d’Alejandro Amenabar en 2001 avec Nicole Kidman. L’ORTF encore dans son âge d’or ne pouvait passer à côté du célèbre auteur américain. C’est Raymond Rouleau acteur/rélisateur belge prolifique qui s’attèle à la tâche, aidé de Jean Kerchbron (scénariste et metteur en scène) grand serviteur de l’honorable maison. De facture très classique, la réalisation de Rouleau pose essentiellement l’accent sur les tourments de la gouvernante jouée par Suzanne Flon qui met un certain temps avant de se faire son opinion sur le malaise qui saisit les enfants dont on lui a confié la garde dans cet immense château du Sussex propre à la catalyse des fantasmes. Le parti pris du scénario est de placer clairement les enfants en victime, ce qui n’a pas toujours été le cas des adaptations précitées, plus ambigües afin de jouer en priorité sur le suspense. C’est donc la grande Suzanne Flon formidablement secondée par Andrée Tainsy, comédienne de théâtre confirmée, qui porte ce téléfilm sur ses épaules ou plutôt sur son regard tour à tour terrifié ou chafouin qui s’éclaire différemment selon ce qu’elle pressent du dysfonctionnement relationnel des deux jeunes enfants qu’elle a entrepris de sauver. Une qualité formelle alliée à une rigueur de mise en scène qui fait souvent défaut aux productions télévisuelles actuelles trop enclines à rechercher l’efficacité immédiate et facile.