Dans Les Chansons populaires, Gabino (Gabino Rodriguez) est un vendeur à la sauvette de CD piratés. Cette pratique est très répandue dans la capitale mexicaine : "Dans chaque wagon du métro de la ville de Mexico, on trouve depuis 5 ans des vendeurs de CDs piratés qui font la publicité des albums qu’ils vendent à l’aide d’un haut-parleur", explique le metteur en scène Nicolas Pereda, qui avoue involontairement une certaine fascination à ces "vendeurs" : "Bien entendu, ils vendent des contrefaçons. Mais ce ne sont pas de simples copies de disques existants. Ce sont de véritables compilations originales, conçues dans un esprit éditorial : ces vendeurs décident eux-mêmes des artistes qu’ils vont réunir, des titres qu’ils vont mettre ensemble, de l’ordre des morceaux…"
Dans certaines scènes des Chansons populaires, les comédiens se confondent avec leurs propres personnages. Notamment lorsque Gabino parle avec son "premier" père : "Le premier père du film est joué par le vrai père de Gabino [Rodriguez]. Cette scène n’a pas été répétée. Quand Gabino est sommé de répondre à propos de la mort de sa (vraie) mère, il ne joue pas. Ou disons qu’il doit faire avec quelque chose de réel", raconte Nicolas Pereda. Il en va de même pour le moment où Gabino et sa mère se prennent dans les bras : "C’est aussi le moment du film où Gabino est à la fois son personnage (le fils), le personnage qui joue à un autre personnage (le père) mais aussi l’acteur en tant que tel. Les trois niveaux sont présents dans cette scène", ajoute le réalisateur.
Dans la deuxième partie du film, le réalisateur des Chansons populaires a choisi de montrer l'équipe technique à l'écran. Une façon de mettre en relief le jeu d'acteur et de confronter deux univers : "D’un côté, il y a Gabino [Rodriguez] qui comprend très bien ce qui se passe, il sait qu’il doit continuer à jouer comme si le décor ne bougeait pas ; et de l’autre, le nouveau père est complètement paumé. Ça me plaisait d’observer ce nouveau père qui, n’étant pas un acteur professionnel, devait s’adapter à un monde de fiction tout en restant lui-même. Son jeu est documentaire, naturaliste", explique Nicolas Pereda.
Les Chansons populaires joue beaucoup sur la répétition de scènes et de la musique. En effet, Les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach a été une source d'inspiration pour le réalisateur Nicolas Pereda : "Je voulais que le film soit structuré comme l’oeuvre de Bach : d’abord, l’aria qui correspond à la liste des titres ; puis une série de variations qui correspondent aux scènes où les personnages s’entraînent à répéter les titres par coeur ; enfin, entendre les chansons elles-mêmes et voir des scènes qui se répètent. Je prévoyais de finir le film avec la même liste de titres qu’au début comme l’aria se répète à la fin des Variations Goldberg."
Gabino Rodriguez, qui joue le rôle de Gabino (le fils) dans Les Chansons populaires a déjà tourné sous l'objectif de Nicolas Pereda dans Perpetuum. Il a d'ailleurs obtenu le Prix Janine Bazin au festival de Belfort en 2009. De même que Teresa Sanchez en est à sa troisième collaboration avec le cinéaste mexicain.
L'oeuvre de Nicolas Pereda, 31 ans, a déjà fait l'objet d'une rétrospective aux Etats-Unis en 2012. Le cinéaste mexicain est aujourd'hui connu et reconnu par la profession, notamment grâce à des récompenses reçues dans de nombreux festivals internationaux.