Un an après le très moyen A Million Ways to Die in the West, Seth MacFarlane revient pour donner une suite à son très réussi et premier long métrage, Ted. Bâtit sur un humour politiquement incorrect, le film tapait sur tout et sur tout le monde, en s'en donnant avec joie sur la critique du star-system. Il arrivait la plupart du temps à éviter la lourdeur au profit d'un sens de la réplique incisif ainsi que des gags inventifs et assez rafraîchissant pour ce genre de comédie. Malheureusement avec son deuxième long métrage MacFarlane ne réitérait pas l'exploit et livra une comédie insipide, très lourde et qui ne parvenait pas à exploiter correctement son univers malgré quelques fulgurances. Donc il y avait de quoi craindre avec ce nouvel opus des aventures de Ted, son créateur ayant déçu pas mal de monde, alors la question que l'on se pose et de savoir si il parviendra à retrouver la verve du premier opus pour nous livrer un nouveau grand moment de comédie ? Au final il y a de quoi être déçu face à cette suite, car elle est clairement moins inspirée et rafraîchissante que son aîné. Le film se révèle très vite moins incisif et beaucoup plus sage dans son humour, même si on retrouve quelques éléments qui ont fait le succès du premier film, on est ici plus dans la citation et la référence que l'inventivité pure. Pourtant le film part d'une idée de base assez géniale qui promettait vraiment de grandes choses mais elle est au final mal employée. Servant surtout à porter un discours moralisateur et bien pensant plutôt que de faire de la comédie. Donc tout la narration se fera relativement convenue surtout dans la deuxième partie du film qui se montre très classique. Les tentatives de faire écho au premier sont pour la plupart décevante, le caméo du film ne dépasse pas le stade du sympathique, la réutilisation de Sam Jones est bancale, la voix-off n'est plus fendarde et le retour de Donny se fait au profit d'une sous intrigue maladroite et insignifiante qui peine à créer des enjeux et réexploite les mêmes gags que ceux de Ted premier du nom. Après MacFarlane évite les lourdeurs qui caractérisaient son deuxième film, il évite l'humour scato même si parfois il reste un peu dans le graveleux notamment dans la recherche de sperme de Ted et John. Mais cela permet néanmoins d'avoir quelques blagues bien sentis et d'offrir une première demi-heure plus inventive sur l'humour. Sinon le film à une fâcheuse tendance à vouloir en faire trop, ce qui fait que l'efficacité des blagues est aléatoire, pas mal de scènes tombent vraiment à plat. Il est aussi dommage que le personnage de John soit autant mis en retrait, faisant un peu plus office d’accessoire humoristique. Le personnage n'étant pas non plus aidé par une romance forcée et peu intéressante. Néanmoins le film utilise avec brio le côté fragile et très gauche du personnage, offrant quelques formidables moments de comédie. L'ensemble étant formidablement aidé par un casting qui s'en donne à cœur joie, même si aucun n'offrent de performances remarquables, ils sont tous dans le cabotinage maîtrisé et hilarant. En ça Mark Wahlberg fait des merveilles pour retranscrire le manque de confiance de son personnage et sa fragilité sentimentale, il est par bien des aspects la force du film. Seth MacFarlane incarne encore un fois l'ours en peluche avec beaucoup de naturel arrivant à lui offrir un certain charisme tandis que Amanda Seyfried fait une entrée remarquée dans cette joyeuse bande, certains gags sur son physique sont plutôt bien trouvés et elle s'impose avec fraîcheur et énergie. Le reste du casting même si principalement composé de têtes connus est plus anecdotique, Morgan Freeman étant ici que pour cachetonner par exemple, mais pour autant on apprécie le retour du toujours drôle et inquiétant Giovanni Ribisi. Pour ce qui est de la réalisation on voit que Seth MacFarlane à clairement gagné en maîtrise depuis le premier Ted, le montage se fait plus fluide et permet au film d'avoir un rythme mieux géré. Pour ce qui est de la mise en scène par contre, son regain de maîtrise tant à devenir handicapant, voulant trop en faire dans les effets stylistiques. A l'image d'un générique d'ouverture grandiloquent et injustifié qui n'est là que pour faire dans l’esbroufe gratuite. Car certes c'est relativement bien fait ( la chorégraphie est très sympa ) mais c'est beaucoup trop tape à l’œil, surtout que globalement l'ensemble manque quand même inventivité et de gags visuels ( même si il y en a un ou deux qui fonctionne relativement bien ). On reste donc quand même sur une mise en scène relativement plate, qui peine à dynamiser certains passages en raison du classicisme de l'ensemble comme la scène qui se déroule au Comic-Con, malgré quelques choix de cadrages parfois astucieux. En conclusion Ted 2 est une comédie assez sympathique même si elle se révèle bien moins marquante et drôle que son prédécesseur. Néanmoins MacFarlane ne retombe pas dans les travers de son deuxième film et livre un film, certes beaucoup plus politiquement correct, mais bien plus abouti et tenu. Après on sent qu'il prépare les bases d'un éventuel troisième film mais il faudrait éviter que la formule s'épuise, comme c'est un peu le cas ici. Car MacFarlane reste un auteur à sa manière mais son style d'humour à clairement ses limites et peine à se renouveler. Donc ici ce qu'il gagne en maîtrise, il le perd en génie et en audace devenant de plus en plus moralisateur et sage. Il est ainsi clairement temps qu'il se remette en question et qu'il change quelque peu son style pour ne pas tomber dans la redite et l'auto-parodie.