Que l’on soit réfractaire à l’humour de Seth MacFarlane, ça peut se comprendre, ou pas, il faut se rendre à l’évidence, son Ted numéro 2 est un divertissement de toute bonne facture. Accusé de toute la vulgarité du monde à la suite de la sortie du premier volet des aventures de ce curieux ours en peluche, le trublion américain, à la tête de plusieurs entreprises télévisuelles et filmiques, ne semblent pas avoir entendu les plus prudes, et j’ai envie de dire tant mieux. Certes, c’est parfois lourdingue, appelons un chat un chat, mais le cinéaste y investit tellement, y met tellement les formes que le spectacle, pleinement assumé, est un véritable festival d’humour gris, comprenez ni noir ni vraiment bon enfant. Le générique d’entrée, une chorégraphique somptueusement mise en scène, nous annonce le couleur. Seth MacFarlane fait dans la comédie, mais ne lésine pas sur les moyens. La preuve en est de la modélisation impeccable de ce drôle d’ourson, à la fois mignon et rustre.
Le sens de la mise en scène de MacFarlane, sur ce deuxième opus à mon sens meilleur que le premier, trouve son apothéose lors du passage des héros au Comic Con New-Yorkais. Le cinéaste nous livre, en complément de sa folle histoire, à dormir debout, un festival de référence geek, déclenchant une émeute amenant divers déguisés à se mettre sur la tronche durant une séquence euphorisante. On pourra aussi s’épancher sur une bande-son réussie qui nous renvoie aux bonnes vieilles comédies à succès des années 80 et 90, voire même aux films d’aventures, plus épiques, de cette même période. Décidément, le réalisateur semble avoir frappé plus fort que nous ne l’escomptions, surprenant son public en ne livrant pas une simple suite mais un film aux charmes divers, aux références fourmillantes et à l’imagination débordante.
C’est sans doute là le parfait exemple de la comédie vulgaire version 2010, celle qui plaît aux jeunes, aux personnes peu sensibles qui acceptent de se moquer, de rire de tout. A ce titre, MacFarlane, sans pouvoir pour autant prétendre au titre de cinéaste de légende, est sans doute le fer de lance de cette frange de cinéastes qui osent presque tout. Faire se réincarner la méchanceté, la perversion, la vulgarité en un ours en peluche qui fume de l’herbe, qui boit comme un trou, l’ours en peluche étant l’archétype du doudou pour marmots, fallait y penser. Mieux encore, Seth MacFarlane assume son concept jusqu’au bout, nous servant ici une fable sociale complètement irrationnelle mais qui tient la route du simple fait que son créateur y croit dur comme fer.
Ceux qui ont aimé l’opus initial apprécieront celui-ci, sans le moindre doute. De même, ceux qui ont rougis face à une telle débauche de grossièretés, de politiquement incorrect, n’apprécieront pas d’en reprendre une couche. Ted s’adresse clairement à ceux qui veulent bien en rire. J’en suis. 15/20