1 Célie, Nettie & Albert
Au début du 20ème siècle, alors qu’elle est a déjà eu deux enfants de force avec son beau-père, Célie, 14 ans, est contrainte de se marier à Albert, un veuf de plus de deux fois son âge et désespérément à la recherche d’une boniche qui pourra nettoyer ses casseroles et s’occuper de sa progéniture. Réjouis à l’idée de rejoindre celui-ci et enfin en finir avec le calvaire qu'elle vit chez son beau-père, Célie, accompagné de sa sœur petite sœur Nettie dont elle est inséparable et qui a finalement réussi à convaincre Albert de la prendre avec lui, rêve déjà d’une vie meilleure et pense, un peu naïvement, qu’au côté d’Albert de meilleurs horizons se profilent. Encore plus si sa sœur est présente à ses côtés. Cependant, au bout d’un certain temps, lassé par la « laideur » de sa femme et frustré par le refus que Nettie a pu lui octroyer juste avant son mariage avec Célie, celui-ci décide, à la suite d’une tentative de viol sur Nettie n’ayant pas abouti, de tout simplement virer celle-ci de la maison par frustration. Célie et Nettie, ravagées par cette décision, se promettent alors de s’écrire autant de fois qu’il ne le faudra et se jure, qu’un jour, elles se retrouveront.
Si déjà ça ça ne vous donne pas envie, je ne sais vraiment pas ce que je peux faire pour vous. Ah oui, si jamais c’est juste Steven Spielberg qui a réalisé ce métrage au cas où ça ne serait pas assez. En plus, ce qui est vraiment sympa, c’est qu’on sent qu’il nous livre là un film qui lui tient à cœur car il prend vraiment son temps. Certains y verront des longueurs moi je vois juste un scénario qui veut installer une ambiance et qui y arrive magistralement.
Mais alors, qu’est ce qui fait la grosse force de ce métrage ? Pourquoi a-t-on l’impression, à la vue de ma critique, que ce film a complétement chamboulé ma vie (et à juste titre) ? Le seul moyen de le savoir les copains, c’est de scroller contre le bas.
"Nothin' but death will keep me from it"
2. Censure et ségrégation
Lorsque l’on s’attaque à un sujet aussi épineux que la ségrégation, surtout à une époque où, excusez-moi du terme, les afro-américains sont en vogue à Hollywood, il est souvent difficile de trouver un juste milieu entre ce que l’on veut montrer à l’écran et ce qu’il est possible de filmer. En effet, beaucoup de réalisateurs, par crainte des critiques ou simplement par cause éthique, peinent à insuffler une aura réaliste à leur récit et finissent souvent par nous livrer un travail qui est soit mal géré dans son ambiance soit mal interprété par son casting. La plupart du temps, c’est la même rengaine... On a souvent le droit à cette même histoire en boucle d'un noir discriminé qui, comme par enchantement, est sauvé par un homme blanc. Ici, que nenni ! On a juste le droit à un condensé de vérités et de justesses, situé à une époque où le sectarisme racial et la division des classes sont à leurs paroxysmes et où l’esclavage domestique est encore monnaie courante et bien ancrée dans les mentalités.
"I'm poor, black, I may even be ugly, but dear God, I'm here! I'm here!"
3. Candeur & frustration
Pour son premier rôle, qui en plus n’est pas des plus aisé, Whoopi Goldberg nous offre une prestation magistrale et endosse le rôle à la perfection. De toute ma vie, j’ai rarement vu autant d’innocence et de naïveté incarné par un personnage. Je me souviens même qu’à 12 ans, à la seconde même où j’ai posé mon regard sur cette jeune fille, j’ai immédiatement su que mon réservoir à empathie allait en pâtir. Ce regard si gêné et si triste à la fois, cette gestuelle si innocente et qui montre un tel renfermement sur soi-même et sur les autres, cette voix et ce corps si fluet… Tout à fait mouche chez moi à l’époque. Tellement que cette prestation résonne encore au plus profond de moi à chaque fois que je revois ce métrage ou pose mes yeux sur un cliché de Miss Célie. Et que dire également de la prestation de Danny Glover si ce n’est qu’il est juste exécrable au possible et joue parfaitement son rôle de mari frustré et tyrannique. C’est également avec ce film que je l’ai connu et, à ma connaissance, c'est un des premiers dans lequel les gens ont pu voir toute l'étendue de son talent. Une très grosse prestation ici oscillant entre la grosse ordure qu’on a juste envie d’éclater contre un mur et le veuf, meurtris par la vie et ayant du mal à exprimer son amour autrement que par des coups. Un savant mélange entre la pureté et la gentillesse incarné et la brute sans cœur. Cependant, les frontières du manichéisme ne sont pas toujours là où on pense. Attention à ne pas se laisser berner ! Ça serait quand même dommage d’également en faire preuve ^^
"See daddy, sinners have souls too"
4. Folks don’t like nobody being too proud, or too free
En résumé, un excellent film, alternant très intelligemment entre des scènes nous donnant de vrais bons bols d’air frais et d’autres où le spectateur est en apnée totale. C’est aussi ça une des dernières forces de ce métrage. Un savant mélange entre une ambiance qui vous fera chaud au cœur, principalement grâce a son casting très authentique, et une ambiance de malaise presque constante, renforcé par ses décors, son scénario et ses acteurs d’excellentes factures.
"Everything you’ve done to me, I’ve already done to you"