La suite de la saga sado-masochiste présente un Christian Grey hanté par son passé et une Anastasia Steele torturée entre leur amour et sa carrière. Christian Grey ne fait plus mal. Jamie Dornan et Dakota Johnson reprennent du service dans ce deuxième volet aux nombreuses incohérences et raccourcis. Ce qui avait commencé comme une relation d'ordre purement sexuel devient une romance assez mièvre, avec une héroïne désespérée de correspondre aux attentes de son beau, tandis que ce dernier se bat avec son passé. Que les fans se rassurent : ce deuxième volet comporte plusieurs scènes olé-olé, bien que la Chambre Rouge ne soit pas, cette fois, cruciale à l'intrigue. Jamie Dornan reste parfait pour ce rôle ambivalent, tandis que Dakota Johnson convainc plus dans ses moments de colère que de séduction. À la fin du premier film,
Anastasia quittait Christian après lui avoir demandé d'aller aussi loin qu'il le voulait. Lui montrant son côté obscur (une séance de fouet assez violente), la jeune femme prend la fuite. Ils se retrouvent bien sûr dans les premières minutes de cette suite. Toujours aussi harceleur dans l'âme, Christian Grey lui envoie des fleurs à son domicile, achète tous les portraits d'elle à une exposition, commande à sa place au restaurant. Il lui assure vouloir la retrouver coûte que coûte, même s'il doit renoncer à sa "chambre de jeu". Bien sûr, Anastasia cède. Dans le film, le couple a des pratiques osées sans être exceptionnelles : lingerie fine, fessées, boules de geisha ou bandeau sur les yeux. Le milliardaire s'enquiert en permanence des limites de sa partenaire, ce qui est à saluer
. Il faut aussi reconnaître que Jamie Dornan et Dakota Johnson ont une belle alchimie durant les scènes de sexe, plus "réalistes" que celles du premier film. Cette suite ressemble finalement aux histoires d'amour maintes fois vues à l'écran. Si Anastasia, heureusement, est beaucoup moins "nunuche" que dans le premier volet, elle reste sous l'emprise de son amant, elle reste un personnage vide, sans personnalité, mièvre, totalement insipide. Elle se sent menacée par
certaines femmes qui gravitent autour de Grey, dont Elena Lincoln (Kim Basinger), celle qui l'a "initié" au SM quand il était à peine un ado, et qui a abusé de lui. Cette dernière promet la mort prochaine de leur couple, et Anastasia s'angoisse de ne pas "suffire" à Christian. "Il finira par se lasser de moi", se dit-elle, sans jamais réfléchir à ce que cette relation lui apporte à elle. Bien qu'elle l'envoie balader ou le charrie de temps en temps, Anastasia est terrifiée à l'idée d'être abandonnée par Christian, de ne pas être à la hauteur
. Peut-être faut-il alors se rappeler qu'il s'agit de sa première expérience sentimentale et sexuelle pour comprendre son acharnement face à cet homme se disant lui-même "très compliqué" et "tordu". Le businessman
doit montrer sa bonne foi en faisant preuve d'une volonté de fer. "Plus de règles, plus de punitions, plus de secrets", se jurent-ils. Quelle est la chose la plus difficile pour Grey ? Se confier. En ouvrant son cœur à Anastasia, il lui prouve qu'il l'aime sincèrement, et qu'elle n'est "pas comme les autres". Une dynamique qui sent le réchauffé. Et on a un raccourci terrible et malheureux entre "enfance difficile" et "pratiques sexuelles sadiques une fois dans l'âge adulte". Si Christian court après Anastasia pour la reconquérir, le rapport de force n'est pas totalement inversé
. Cette suite entretient donc cette légende pesante de la pop culture où une femme parvient à sauver un homme taciturne de lui-même en le transformant en usine à sentiments. Comble du conformisme : Grey va
jusqu'à demander Anastasia en mariage
. Pourtant, on ne peut pas dire que ce film est une comédie romantique puisque l'humour est peu présent. L'atmosphère de "Cinquante nuances plus sombres" est globalement pesante. Anastasia est
malmenée de toutes parts, d'abord par Elena Lincoln (Kim Basinger), puis par Leila (Bella Heathcote), ancienne soumise de Christian. Jalouse de cette idylle, elle espionne Anastasia jusque chez elle et la menace avec une arme. Enfin, elle est malmenée par son boss (Eric Johnson), qui la harcèle du jour au lendemain, dans une scène d'agression effroyable. La situation est encore une fois réglée par "les hommes" de Christian Grey, et son influence sur la ville de Seattle. Le milliardaire semble vivre comme un mafieux indépendant des lois et de la police. Son virage à 180 degrés pour reconquérir Anastasia est d'autant plus surprenant, lui qui a été sans pitié et plutôt irrespectueux envers elle dans le premier volet. Son extrême richesse le rend presque ridicule, tout comme son accident d'hélicoptère, qui n'apporte rien à l'histoire et en fournit l'une des plus grosses incohérences. Le milliardaire rentre seul, on ne sait par quel moyen, avec à peine quelques égratignures, et dans la même tenue que lors du crash. Improbable. Que dire de la "carrière" d'Anastasia Steele ? À peine diplômée en littérature anglaise, la voici embauchée comme assistante du directeur d'une des plus grosses maisons d'édition de la côte Ouest. Elle dit être passionnée par son travail, mais refuse de se rendre à New York avec lui pour un salon d'éditeurs, face la jalousie de Christian. Lorsque son boss est viré, Anastasia prend la suite, et impressionne ses collègues dès la première réunion. Vraiment trop gros pour être réaliste. Arrêtons-nous, enfin, sur les SMS échangés par le couple. S'il a été jugé opportun de les traduire directement à l'écran, c'est une initiative maladroite, puisqu'on voit les doigts tapoter sur le clavier anglophone. Un "bébé" ne sera jamais aussi sexy et doux qu'un "baby"
. Ce deuxième volet possède cependant un point légèrement positif. Les deux acteurs ont pris conscience que les films seraient mauvais du coup ils essayent de s'amuser, on sent que la gêne commence à passer mais c'est pas encore ça surtout pour Jamie Dornan qui se demande toujours ce qu'il fout sur un tel projet et nous aussi on se demande ! Clairement, le film est plus soft que son aîné qui était déjà très soft, là on retrouve une relation amoureuse calme, avec toujours un rapport de domination entre les deux, Ana restant bien évidemment la soumise de Grey (et en demandant à l'être, affligeant). La pire scène du film est pour moi
celle où Anastasia retire sa culotte dans le restaurant à la demande de Grey
(???!!!) Sinon les dialogues sont profondément affligeants, la bande-son est insipide, les décors sont vides, les seconds rôles stéréotypés à outrance sont sans intérêt, et le couple central véhicule une profonde antipathie à leur égard. Bref, une suite pire encore que le premier volet. Un navet exécrable à éviter