“11.6“ présente sur le papier tous les atouts pour en faire un film de casse original, par le montant concerné comme par sa méthode. L’histoire « vraie » de T.Musilin, mise en scène ici par P.Godeau, ne manque pas d’originalité, mais il ne faut pas s’attendre à du spectaculaire pour autant, ni avoir en retour toutes les explications qui ont mené le convoyeur, seul, à faire ce qu’il a fait. “11.6“ est une approche psychologique du personnage principal et de son environnement, mais comme il est mutique et secret, il est assez compliqué de le cerner et de comprendre les raisons de son acte et de ses conséquences. Par conséquent, les 1h40 de film se regardent de manière un peu frustrante, car jusqu’à la fin, on n’apprendra jamais vraiment les raisons qui ont poussé cet homme à agir, pourtant méthodiquement et de façon très réfléchie. Ce film brode donc à partir du peu qu’il a à mettre sous la main, mais le fait très bien, de façon immersive, lorsqu’il s’agit de montrer l’entourage du T.Musilin, ses relations avec les autres (très bons seconds rôles en mode réaliste et de sobriété naturelle) ou lorsqu’il évoque le travail du convoyeur. F.Cluzet est parfait pour le rôle, par la force qu’il dégage et qui le fait craindre, comme par le mutisme et le déterminisme qu’il maîtrise. Par ses images et sa direction d’acteurs, on ne reprochera pas grand-chose à la qualité de la mise en scène de P.Godeau, son scénario n’est pas exempte en anecdotes même si le spectateur attend longuement et logiquement la scène du casse (pas sûr que le spectateur non averti du fait réel suive ce film avec le même intérêt). Dommage que son personnage principal, au charisme fermé, n’est pas à la hauteur d’une vraie ambition de cinéma et nous laisse, comme ses juges, très circonspect et dépourvu de toutes réponses.