Parfois un simple synopsis suffit à éveiller en vous un intérêt, une curiosité dévorante, et tel était le cas avec le récent et méconnu Dead Man Talking du belge Patrick Ridremont : en effet, la perspective d’un condamné à mort se lançant dans un monologue autobiographique, en guise de dernières paroles, avant son exécution, et ayant pour conséquence de retarder cette dernière, voilà qui avait pour mérite d’être au premier abord original ! Néanmoins, le long-métrage surprend (dans une certaine mesure) en instaurant une intrigue supplémentaire, notamment politique, et qui va apporter son lot de personnages décalés ; d’ailleurs, le ton au demeurant sérieux de Dead Man Talking s’en retrouve plutôt nuancé, du fait de cette galerie de protagonistes se voulant dans son ensemble truffée de figures lorgnant du côté de l’absurde. Alors, sans pour autant basculer dans le comique pur et dur, le film prend peu à peu une tournure pour le moins saugrenue, alimentée par les vas et vient de Stieg Brodeck, Sarah Raven ou encore l’aumônier Georges, tous étranges ou ridicules ; sur ce point, on n’est donc que peu convaincu, tandis que le long-métrage peut faire mine de tomber dans les travers de la mauvaise comédie. Mais fort heureusement, il n’en est rien, d’abord car le condamné à mort William Lamers fait presque office d’unique sain d’esprit au milieu de cette foule de personnages atypiques, d’où un contraste pour le moins saisissant ; ensuite parce que celui-ci est campé par l’excellent Patrick Ridremont, qui se fend d’une très belle performance, tout en nous gâtant d’une réalisation sans anicroches. Dans une même veine, rien à redire côté casting, avec en tête de file l’incontournable François Berléand, qui tient d’ailleurs l’un des rares rôles véritablement intéressants, et sérieux ; enfin, malgré les défauts énumérés précédemment, le propos premier de Dead Man Talking reste en lui-même captivant, et assure donc un fil rouge que l’on suit avec plaisir. Reste des irrégularités de rythme diminuant l’impact d’un dénouement au fort potentiel, car dramatique, qui aurait pu parachever avec forte manière cette expérience ô combien originale, mais bel et bien inégale ; le tout se veut néanmoins louable, et je ne peux que conseiller la découverte de cet ovni signé Patrick Ridremont.