Un petit loupé
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Avec Dead Man Talking, le réalisateur-acteur Patrick Ridremont signe son premier film.
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Shéhérazade des temps modernes ? Le sujet attise indéniablement la curiosité. Les décors et les divers plans offrent une ambiance sombre, oppressante, glauque, en adéquation avec le contexte. L’histoire présente pourtant un deuxième visage, avec la mise en scène d’une parodie de la société, où l’importance des médias, la manipulation politique, le pouvoir, occupent une place de choix. Le drame rencontre le cocasse. Un contraste saisissant en découle. La peine de mort, le traumatisme de l’enfance, l’influence du passé sur le présent, le rapport à la justice, la tolérance ou l’intolérance, l’espoir, le bonheur, constituent autant de pistes de réflexions. Une tension subtile se crée, invitant à une introspection étonnante. L’espoir d’un revirement de situation tient en éveil jusqu’au bout. La prestation des acteurs participe activement à donner au projet une valeur sûre.
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L’absence de rythme fait cependant défaut à l’ensemble. Le manque de clarification au niveau de l’espace-temps dérange. L’insuffisance des récits oraux tant attendus déçoit. Permettre au spectateur d’entendre, en même temps que les personnages, la totalité des souvenirs du condamné aurait sans doute été judicieux. En effet, les bribes, maladroitement données en pâture, le laisse inévitablement sur sa fin ; alors que l’exploitation du talent d’orateur de l’homme conteur aurait certainement apporté au scénario le supplément d’âme essentiel à une séduction réussie. Captiver l’auditoire derrière l’écran, en lui donnant le sentiment d’assister lui même à l’ultime confession, semblait indispensable. Or, la dépendance des protagonistes face à leur envie d’en apprendre toujours plus n’est aucunement contagieuse. La transmission ne s’effectue pas, donc le plaisir s’amenuise.
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Intriguant, Dead Man Talking rend perplexe, mais a le mérite de marquer les esprits.
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