Afin de célébrer le mariage de leur cousin à Mendoza, deux frères s’envolent direction l’Argentine. Le plus jeune est dévasté par sa récente rupture, tandis que l’aîné appréhende la vie avec simplicité en écrivant des chansons ridicules et impopulaires. Après de multiples péripéties, nos deux protagonistes se retrouvent aux côtés d’un gérant d’hôtel qui a tout perdu et une grande beauté argentine. Face à un pays qu’ils ne connaissent pas, la meilleure des perspectives est encore de se laisser aller sur les routes en essayant de semer les ennuis… Prolongeant l’impression que la comédie française se trouve actuellement en pleine mutation – sentiment renforcé récemment avec le plaisant Comme des frères –, Mariage à Mendoza vient s’inscrire dans la nouvelle tradition du feel-good movie que l’on appellera bientôt « à la française ». Récit d’amour et d’amitié, trouvé ou retrouvé, ce nouveau genre semble remporter un certain succès. Souvent, il narre les (més)aventures de quelques personnages qui n’ont rien en commun et doivent ainsi apprendre à cohabiter, à vivre ensemble. Aussi, les protagonistes accumulent généralement les rencontres, au fil d’un trajet enrichissant. C’est dans cet esprit que le road-movie comme tel symbolise un voyage moral. Pour les personnages, tout d’abord, puis pour nous autres, spectateurs, qui partons loin. Loin du quotidien. Loin de la froideur de l’hiver, le temps d’un film, au cœur des magnifiques contrées de la belle Argentine. Et avec humour, s’il-vous plaît. Pas trop non plus, ce serait indigeste. Encore une des vocations de la nouvelle comédie : préférer la nuance aux rires gras d’antan. Ces divers éléments, Mariage à Mendoza en est totalement constitué. Parfois l’humour marche. D’autres fois plus très bien. Parfois, on se rit du comique de répétition demeurant. D’autres fois, la surexposition du frère un peu simplet peut fatiguer. Malgré tout, l’alliance de dialogues fins et de bons acteurs a de quoi apporter au long-métrage un certain charme. Nicolas Duvauchelle – nouveau beau-gosse du cinéma français, que l’on peut voir sollicité un peu partout ces derniers temps – insuffle de nouveau un côté Nicolas Duvauchelle à son personnage (tant que ça marche, on n’a pas à s’en plaindre) tandis que, bien entendu, la révélation se trouve en la personne de Philippe Rebbot. Personnage haut en couleurs qui n’aura accordé que 30 secondes de son précieux temps pour aller pioncer lors de l’avant-première, l’aspect purement décalé de l’homme a de quoi faire sourire – si on lui ajoute aussi ses quelques faux airs de Didier Super. Enfin, il serait difficile de passer à côté de la superbe Paloma Contreras, qui s’avère totalement attachante… Etonnamment, les défauts que l’on pourrait attribuer à ce Mariage à Mendoza ne sont en rien ceux d’un premier long-métrage – ce qui est un atout. Les qualités esthétiques sont présentes, au même titre que la direction d’acteurs. Toutefois, c’est à cause d’un scénario légèrement trop simple que l’on en vient à se dire que le charme aurait pu être plus grand encore. Plus grand que cette escapade pleine de frivolité qui, malgré tout, laisse un sentiment d’inachevé une fois le film terminé… Il nous faudra malgré tout ajouter le nom d’Edouard Deluc aux nouveaux venus du cinéma français (avec Hugo Gélin), puisque si le feel-good movie « à la française » doit véritablement naître, ça sera aussi avec lui… Mariage à Mendoza est donc un premier film sympathique, alternant avec aise les moments de comédie, de passion ou de tension. L’avion nous embarque, nous partons.